La politique de pression et de chantage exercées par l’Union européenne à l’encontre de Tunis à propos de la question migratoire semble avoir abouti dans un contexte marqué par un épisode dramatique vécu par plus de 30 000 Subsahariens, dont une grande partie se trouve dans la ville portuaire de Sfax. Selon des médias occidentaux, cela s’est traduit par la proposition d’une aide macro-économique de 900 millions d’euros, conditionnée à la conclusion d’un accord avec le FMI que, pour le moment, le chef de l’Etat tunisien refuse d’endosser, 150 millions d’aide budgétaire et 105 millions pour le renforcement du contrôle aux frontières. L’UE compte exploiter les difficultés économiques de la Tunisie afin de forcer ce pays à ouvrir un centre de transit pour débarquer et trier les migrants non tunisiens interceptés en mer. S’exprimant sur la situation qui prévaut depuis plusieurs semaines en Tunisie, le président Kais Saïed a parlé d’ « une entreprise criminelle fomentée ». Le président tunisien s’est abstenu à aller plus loin dans ses explications. Il ne fallait pas plus pour que des parties s’emparent du problème, en lançant une campagne virulente contre l’Algérie, qui, selon eux, serait responsable de tout ce qui se passe en Tunisie. Sur les réseaux sociaux, la tension est à son extrême. Ainsi, l’Algérie est accusée d’avoir laissé passer des milliers de migrants subsahariens vers la Tunisie. Mais personne ne s’est interrogée comment ces milliers de migrants clandestins ont traversé plus de 200 kilomètres en territoire tunisien pour arriver jusqu’à Sfax. Selon le média Middle East Eye, un grand nombre de ces migrants, y compris des femmes enceintes et des enfants, des détenteurs d’une carte de réfugié ou d’un visa d’entrée toujours valable, a été exfiltré de la ville « par la police sous prétexte de les protéger, ont été transférés aux frontières libyenne et algérienne ». La même source indique que des « centaines de Subsahariens abandonnés autour du poste frontalier avec l’Algérie de Hazoua, au nord de Tozeur, sont d’autant plus difficiles à dénombrer qu’ils se scindent en petits groupes pour déjouer la vigilance des patrouilles algériennes ». Des informations confirmées par le quotidien suisse, Le Temps, qui rapporte sur la base de données fournies par des ONG sur place que des dizaines de Subsahariens « ont été conduits par la police tunisienne, et abandonnés à leur sort dans des zones inhospitalières près de la Libye à l’est et l’Algérie à l’ouest ».
M.M
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