« À peine arrivé et déjà, Alger, je commence à t’aimer ». Arrivé en fin de semaine en Algérie pour occuper ses fonctions d’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet annonce la couleur. Ancien ambassadeur en Egypte, Romatet remplace François Gouyette, qui a occupé ce poste pendant trois ans. Âgé de 62 ans, le diplomate occupe son troisième poste d’ambassadeur. Il a fait ses armes en Australie, avant de faire un passage à Matignon comme conseiller diplomatique, puis de rejoindre le Caire comme chef de poste, durant cinq ans. Le voilà donc héritier d’un poste des plus délicats pour un diplomate français, et il ne l’ignore pas. En effet, Stéphane Romatet arrive en Algérie dans un moment très particulier des relations entre la France et l’Algérie. Les deux pays, qui ont repris des relations quasi-normales depuis la visite du président français, Emmanuel Macron, à Alger en août 2022, se remettent à peine de la secousse résultant de la fuite de l’activiste franco-algérienne, Amira Bouraoui, en février passé. La militante politique, condamnée en Algérie à deux années de prison ferme, avait quitté le pays dans des conditions controversées. L’incident a poussé les autorités algériennes à rappeler l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour « consultation ». Mais un appel téléphonique entre les deux président sa mis les choses au clair et a permis de lever les ambiguïtés. Une visite du chef de l’Etat algérien à Paris a même été envisagée pour le mois de juin, avant d’être reportée, très probablement pour la rentrée sociale, en septembre ou octobre. Tous ces incidents, le prédécesseur de Romatet les a gérés difficilement. François Gouyette, qui se présentait déjà comme un amoureux de l’Algérie et qui parlait l’arabe dialectal, a travaillé dans des conditions délicates. A chaque tension entre les deux pays, il est devenu la cible d’attaques. Il a souvent essuyé les critiques, sans pouvoir y répondre, gêné qu’il était par l’obligation de réserve qu’impose son poste. Des ambassadeurs ayant représenté la France en Algérie, Xavier Driencourt est celui qui a le plus fait parler de lui. Ayant occupé le poste d’ambassadeur en Algérie à deux reprises, le diplomate ne s’est pas privé de multiplier les sorties publiques, pour s’attaquer à notre pays, depuis son départ. Il a notamment plaidé pour le fameux « plus de fermeté » dans la position de son pays envers l’Algérie, et a mené une campagne en faveur de la révision des accords de 1968. L’appel a été soutenu par d’autres politiques français, qui ont tous appelé les autorités de leur pays à utiliser ce levier contre l’Algérie. C’est là un des sujets les plus délicats, que le nouvel ambassadeur de France en Algérie devra désormais gérer, surtout si la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France est maintenue.
Akli Ouali
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