Dans un commentaire très équivoque où subsiste une attitude tutélaire non dénuée d’arrière-pensées, le journal Le Monde avait écrit, il y’a deux ans, à propos des relations algéro-turques que « la stratégie d’influence d’Ankara au Maghreb trouve un terrain propice dans l’Algérie du président Tebboune, mais la connivence n’est pas sans nuages ». « L’Algérie est travaillée par la tentation turque », avait conclu l’auteur de l’article, dans un relent de frustration symptomatique. Dans un autre article, le même journal s’inquiète du fait que l’influence française est en train de se dissiper au profit de la Turquie. Cette façon de voir l’Algérie est partagée par la majorité des médias français, qui semblent observer d’un mauvais œil le rapprochement algéro-turc, tout en essayant d’habiller leurs craintes avec une rhétorique « politiquement correcte », occultant sciemment de situer objectivement l’origine des vrais problèmes, qui empêchent Alger et Paris d’ouvrir une nouvelle page dans leurs relations. Il faudrait savoir qu’au moment où la Compagnie française d’assurances du commerce extérieur (COFACE) continue à émettre des appréciations constamment négatives du « risque Algérie », les investisseurs turcs s’installent en force en Algérie. En effet, plus de 800 sociétés turques y sont déjà implantées offrant plus de 30 000 postes d’emploi aux Algériens. Les investissements turcs ont dépassé les 5 milliards de dollars. Lors de sa visite d’Etat en Turquie, effectuée en mai 2022, Abdelmadjid Tebboune avait indiqué que l’Algérie était aux premiers rangs des pays africains bénéficiaires des investissements turcs. Il y’a quatre mois, l’ambassadrice de Turquie en Algérie, Mahinur Ozdemir Goktas, avait souligné l’excellence des relations algéro-turques sur les plans, politique et économique. « Les relations politiques et économiques entre les deux pays progressent de manière excellente, notamment avec la visite du président Abdelmadjid Tebboune en Turquie. Nos échanges commerciaux ont augmenté de 30% en un an pour atteindre 5,3 milliards de dollars, malgré une période de stagnation du commerce mondial », avait-elle confié à l’APS. La diplomate s’exprimait lors d’une rencontre avec des hommes d’affaires et opérateurs économiques turcs opérant en Algérie à l’initiative du Conseil mondial des affaires turques. Elle avait relevé que l’objectif fixé par les deux pays d’atteindre 10 milliards de dollars, et pour les échanges commerciaux et pour les investissements turcs en Algérie. « Aujourd’hui, je voudrais affirmer que nous sommes le pays étranger avec le plus grand nombre d’entreprises présentes en Algérie. Le montant de nos investissements en Algérie dépasse les 5 milliards de dollars et la capacité d’emploi dépasse les 30.000 employés », avait-elle dit. Outre le BTPH et l’industrie, l’ambassadrice a fait part de l’intérêt de la partie turque d’investir « à court et moyen termes dans les secteurs de l’énergie et l’agriculture, auxquels l’Etat algérien attache une importance particulière ». Pour l’agriculture, les Turcs sont déjà en action à Adrar dans la mise en valeur de 4 000 hectares réservés à la production de céréales, en plus de l’élevage de bovins et d’ovins. « Initié dans le désert par la société turque Sarl Dunaysir du groupe turc Dekinsan, le projet fait partie des plans stratégiques de développement du pays par le gouvernement », a commenté le site d’information turc, Anadolu. Le projet est en service avec une capacité de seulement 30 %. L’objectif est d’atteindre une capacité de 60 % après un an et de 100 % d’ici à 2025. Il est important de rappeler que le chef d’Etat turc a été le premier à rendre visite à Abdelmadjid Tebboune après son investiture. Un signe fort auquel le président algérien n’a pas tardé à répondre.
Mohamed Mebarki
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