La décision a forcément été largement commentée, ici en Algérie et là-bas en France. La nomination par le président français, Emmanuel Macron de deux ministres d’origine algérienne, au poste de ministres délégués, a été interprétée par de nombreux observateurs comme un geste fort de sa part pour ramener le président Tebboune à de meilleurs sentiments. En effet, à travers l’entrée de Fadila Khattabi et de Sabrina Agresti-Roubache au gouvernement Borne, le patron de l’Elysée voudrait faire baisser la tension entre Paris et Alger et pourquoi-pas, enterrer la hache de guerre. Les relations entre l’Algérie et la France ont connu ces derniers mois des fortes agitations, ayant abouti au report sine die de la visite d’État que devait effectuer le président Abdelmadjid Tebboune à Paris, en juin dernier. Par médias interposés, des milieux « Nostalgerie » ont essayé (et réussi) à provoquer une énième mini-crise diplomatique, qui a connu son apogée avec l’assassinat par un policier du jeune d’origine algérienne Nahel à Nanterre. Du coup, Paris s’est éloigné un peu plus d’Alger, et vice versa. Pendant ce temps, Abdelmadjid Tebboune a repris son bâton de pèlerin, pour aller prêcher la bonne parole dans des ailleurs meilleurs. De Moscou à Ankara, en passant par Doha, Pékin et Lisbonne, le président de la République a prouvé, à qui veut bien l’entendre, que l’Algérie n’est pas condamnée à coller à la peau de la France et qu’elle dispose de suffisamment d’atouts économiques, politiques, diplomatiques et géopolitiques, pour nouer des rapports stratégiques avec des pays autrement plus solides économiquement et plus influents politiquement. Ayant sans doute compris le message, le président Macron a cru bon d’envoyer un message de réconciliation. La nomination de l’ancienne députée, Fadila Khattabi, au poste de ministre chargée des Personnes handicapées et de Sabrina Agresti-Roubache comme ministre chargée de la Ville, s’inscrit sans doute dans l’optique de « normaliser »des relations décidément très fragiles et très vulnérables, entre la France et l’Algérie. C’est dire que, pour la première fois, l’Algérie s’affiche fièrement devant la France, en lui faisant comprendre qu’il est fini le temps où les décisions doivent recevoir son aval, notamment sous le règne de Bouteflika. Désormais, ce paradis-là est perdu! Bien qu’il entretienne d’excellents rapports personnels avec son homologue Emanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune, lui fait savoir qu’il n’est plus question de considérer l’Algérie comme la basse-cour de la France. Le président exige ainsi plus de respect et suggère clairement que rien ne sera plus comme avant dans la les relations entre Alger et Paris.
Par Imane B.
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