Les Espagnols sont appelés aujourd’hui à un vote décisif. Ils devront choisir entre le président du gouvernement sortant, Pedro Sanchez et sa coalition de la gauche et le Parti populaire espagnol (PPE) que dirige Alberto Nuñez Feijoo. Ce dernier a de fortes chances de devenir Premier ministre, dès lundi matin, à l’annonce des résultats.Jusqu’au dernier jour, le chef du gouvernement sortant, Pedro Sanchez, espère créer la surprise. Il joue sur un bilan économique plutôt correct et veut séduire les jeunes. Mais ses choix fiscaux et diplomatiques freinent son élan et favorisent ses opposants : « L’opposition est très critique à l’égard de l’augmentation des impôts au cours des dernières années, ainsi qu’à l’égard de l’augmentation des dépenses de retraite, due à la réforme récemment mise en œuvre. Je pense que le PPE a l’intention de réduire les dépenses et de réduire les impôts. Ce qui est important, c’est que si l’on veut réduire les impôts en Espagne, il faut, presque directement, réduire les dépenses et après une décennie d’austérité, réduire signifie vraiment toucher à l’os », estime Marcel Jansen, chercheur à la Fondation des études en économie appliquée, (FEDEA), un centre de recherche basé à Madrid. Selon d’autres observateurs, c’est sur le plan économique et social que les changements pourront être ressentis, si l’Espagne change de gouvernement : « S’il y a un nouveau gouvernement, des changements pourraient être constatés au niveau économique. Mais il est certain que des changements pourraient aussi se faire sentir au niveau social », analyse Aïda Sanchez Alonso, journaliste.S’il est accrédité de plus de 32% des intentions de vote, le PPE n’est pas encore sûr de gouverner seul. Il pourra, entre autre, compter sur l’apport du parti d’extrême droite, Vox. « Vox est un parti climato-sceptique, islamophobe, qui ne reconnaît pas l’existence des violences faites aux femmes », liste l’enseignante-chercheuse à l’université de Lorraine. « Un autre pilier de son programme est la criminalisation et l’expulsion des migrants, qu’il lie aux questions de sécurité », renchérit Steven Forti, professeur d’histoire à l’université autonome de Barcelone. Le mouvement s’est aussi « emparé du mal-être des agriculteurs », ajoute Maria Elisa Alonso. « Ce secteur économique est délaissé par les principaux partis. Vox a donc décidé de devenir le porte-parole de cette Espagne rurale oubliée, notamment devant l’Union européenne », détaille la spécialiste.Malgré une remontée spectaculaire, Vox, crédité de plus de 13,5% des intentions de vote selon des sondages, n’arrivera pas en tête, mais sera un outsider. « Ni le PPE, ni le PSOE n’obtiendront la majorité absolue. Ils devront impérativement former une alliance pour gouverner », analyse Maria Elisa Alonso. A droite, cela passera par une coalition avec Vox ». « Il n’existe pas de ‘cordon sanitaire’ contre l’extrême droite en Espagne : s’il a besoin de ces votes pour former un gouvernement, le PPE n’hésitera pas », selon Steven Forti.L’objectif de cette formation politique de droite, dirigé par Santiago Abascal est « d’obtenir un maximum de sièges, afin d’entrer au gouvernement » insiste l’historien. « Cela permettrait non seulement à Vox d’être une voix déterminante dans ces élections, mais aussi d’infléchir la politique du futur exécutif ».Pour l’Algérie, la meilleure nouvelle qui arrivera de Madrid sera la défaite de l’actuel président du gouvernement Pedro Sanchez. En changeant la position de son pays sur l’affaire du Sahara Occidental, Sanchez a suscité la colère de l’Algérie, qui attend désormais un changement de gouvernement à Madrid pour normaliser ses relations avec l’Espagne. Mais avant d’en arriver là, le nouveau président du gouvernement devra préciser ses intentions dans le dossier du Sahara Occidental.
Akli Ouali
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