Le président Tebboune qui revient d’un long périple l’ayant conduit successivement à l’Etat du Qatar, en Chine et enfin en Turquie, a dépêché son Premier ministre M. Aïmene Benabderrahmane à Rome pour le représenter aux travaux de la Conférence sur le développement et la migration. Gage de l’intérêt évident que porte l’Algérie au phénomène qu’elle subit depuis de longues décennies. L’Algérie qui a toujours été à l’avant-garde dans la revendication de l’égalité des chances dans l’accès au développement prône, s’il en est, une approche judicieuse qui met en avant le lien qui existe entre développement, paix, et sécurité à l’échelle régionale, voire continentale. C’est dans l’esprit de cette approche que dans tous les fora internationaux, l’Algérie qui porte la voix des pays les moins nantis, plaide, à juste titre, l’implication nécessaire des pays développés dans la réunion des conditions à l’amorce du développement dans les pays restes en marge en dépit des ressources incommensurables dont ils disposent. Le « Processus de Rome » est une autre opportunité pour l’Algérie d’affirmer le rôle pivot qui lui échoit dans le Continent et en Méditerranée et son statut de pays émergent à même de contribuer à la solution des crises dont celle migratoire qui annihilent les efforts des Etats à garantir , seuls, le bien-être de leurs administrés. L’action solidaire à laquelle appelle l’Algérie peut contribuer à amoindrir le fossé qui se creuse à grande vitesse entre les riches et les pauvres. L’approche algérienne en matière de lutte contre la migration clandestine prônait le soutien à la paix et à la sécurité dans les pays qui connaissent un exode de migrants, tout en appelant ces pays à mobiliser davantage de financements pour la mise en œuvre des projets de développement et une réintégration, suivant un calendrier bien défini. C’est ce qu’a affirmé Tebboune dans une allocution lue par son PM. L’Algérie « poursuivra son soutien aux efforts de développement en Afrique », rappelant la mobilisation d’un (1) milliard de dollars pour soutenir le développement et l’intégration dans ces pays. « Les premiers pas de la mise en œuvre de cette décision concernent la conception de projets de développement au profit des pays africains, notamment le Niger et le Mali », ce qui représente « une véritable contribution aux efforts de développement pour lutter efficacement contre la migration clandestine », a-t-il ajouté. L’occasion était pour le Président de la République de mettre en avant « l’intérêt extrême » qu’accorde l’Algérie au dossier de la migration clandestine, notamment en ce qui a trait à son étroite corrélation avec le développement et aux défis et problématiques de ce phénomène, qu’il convient de pallier. Le Président Tebboune a, en outre, souligné que la rencontre de Rome « intervient dans un contexte marqué par l’aggravation de la migration clandestine dans notre région », avec tout ce que pose cette situation comme défis et scènes tragiques récurrentes. A l’évidence, les causes du phénomène sont cernées et le Tebboune d’expliquer que les motifs « dont les effets sont connus de tous », à leur tête les dysfonctionnements structurels dans la démarche de développement de plusieurs pays, ajoutés aux guerres, aux conflits, à l’extension des foyers de tension, à l’insécurité, à la croissance du phénomène du terrorisme, au crime transfrontalier, aux changements climatiques, ainsi qu’à la dégradation de la situation socio-économique, a-t-il ajouté. « Ce phénomène pose désormais de dangereux défis sécuritaires, du fait de ce qui les accompagne comme pullulement du crime organisé et infiltrations, par des organisations subversives, des réseaux de contrebande et de traite des êtres humains, en vue de faciliter le mouvement des terroristes via de fausses identités », ce qui « menace, désormais, la sécurité intérieure des Etats », ajoute le Président Tebboune. Quant à l’Algérie, elle « est passée, grâce à sa position géostratégique, au développement économique qu’elle connaît ces derniers temps et à la stabilité qui la caractérise, d’un pays de transit à un pays d’accueil et de sédentarisation des migrants en provenance de pays sahélo-sahariens et de certaines zones de conflit dans des pays africains et arabes ». Cette situation s’est accentuée, poursuit le Président de la République, du fait des mesures et dispositions sécuritaires de protection des frontières extérieures de l’Union européenne et de durcissement des procédures d’octroi de visas. « Cependant, l’Algérie, mue par sa solidarité permanente avec les pays voisins, a adopté durant de longues années, une politique relativement tolérante vis-à-vis de ces flux », ce qui a entrainé « une hausse inédite du nombre de migrants clandestins qui se sont installés sur son territoire, avec tout ce qu’un tel phénomène peut engendrer comme répercussions à différents niveaux ». Au vu de tout ce qui précède, le Président de la République a affirmé que ce phénomène prendrait des proportions plus importantes à l’avenir, si les mesures nécessaires ne sont pas prises, ni mises en œuvre à temps. Il a estimé, dans ce contexte, que le traitement sécuritaire du dossier de la migration « bien qu’il réponde au besoin urgent de maintien de l’ordre public et de lutte contre les réseaux de passeurs et de traite d’êtres humains, ne contribue pas à faire face à ce phénomène de manière durable ». Il est, donc, impératif d' »envisager des solutions globales qui garantissent la stabilité, stimulent la dynamique de développement et créent des opportunités d’emploi pour les jeunes dans les pays d’origine afin d’endiguer le phénomène de migration clandestine » a-t-il souligné. Par conséquent, le Président Tebboune a préconisé de « placer la coopération Nord-Sud à un rang supérieur pour apporter aide et assistance aux pays du Sud, en élevant le niveau des contributions qui leur sont apportées en matière de développement.
Synthèse Saïd Lamari
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