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Elle vit dans une précarité extrême à Oued Cheham : Les déboires d’une famille avec deux handicapés mentaux

Ahmed Mahmoudi est un ancien membre démobilisé de l’Armée de Libération Nationale (ALN), âgé de 64 ans et infirme. Il habite avec son épouse et ses deux enfants adultes, handicapés mentaux, au fin fond de la commune d’Oued Cheham. Leur gourbi se trouve précisément à la mechta martyre de El Offer où, rappelons-le, sont tombées au champ d’honneur, en 1956, pas moins de 474 jeunes recrues de l’ALN qui, en se rendant en Tunisie pour subir une formation militaire à Ghardimaou, ont été surprises par les forces de l’ennemi. Cette famille vit dans des conditions réellement inhumaines dès lors qu’elle est logée dans une habitation faite partiellement d’une toiture en chaume (diss), dépourvue en plus de sanitaires dignes de ce nom. Le chemin qui mène au site occupé par environ une dizaine d’autres foyers est difficilement carrossable malgré la présence sur les lieux du carré de sépultures des fameux martyrs qui gagnerait, du reste, à être réhabilité car livré pratiquement à l’abandon. « Je subis avec ma famille les pires déboires. D’autant plus que vivent sous mon toit deux garçons ayant largement dépassé la trentaine et qui souffrent, de surcroît, de troubles psychiques qui les rendent incapables d’exercer le moindre travail. Ils ne peuvent même pas m’aider dans ma petite exploitation agricole qui me permet de joindre les deux bouts car ni ma pension de retraite de 12.000 dinars, ni l’indemnité de 10.000 dinars qui est accordée à chacun d’eux par l’Etat, ne me suffisent pour entretenir décemment le foyer. Ceci en raison surtout des frais de transport, étant donné que le moindre déplacement vers le centre de la commune pour un besoin ou un autre me revient cher. Le simple fait de ramener une bonbonne de gaz me coûte les yeux de la tête. En plus, il me faut emmener la maman, atteinte de plusieurs maladies, chez le médecin de temps à autre. Et malgré son état de santé flageolant, elle continue de s’occuper de ses deux enfants handicapés ». En parlant de l’état de son habitation, ce chef de famille dira : « En hiver, ça dégouline de partout, et en été, comme c’est le cas actuellement, c’est la menace des bestioles, entre autres les serpents, qui n’hésitent pas à investir la maison. Je ne vous cacherais pas que j’ai bénéficié de l’aide au logement rural à l’époque mais le site est situé dans une zone difficile d’accès à tel point que je n’ai pu me faire construire que de deux petites chambres. Le plus gros a été dépensé après le transport des matériaux sachant qu’un seul voyage de gravier me revenait à 5.000 dinars. Aujourd’hui, on refuse à mes deux enfants l’aide au logement rural au motif qu’en tant que tels, ils n’y ouvrent pas droit ». « Compte tenu du fait que je suis moi-même handicapé à 100 % de ma jambe gauche et que j’entame l’étape de la vieillesse qui m’empêche d’assurer l’entretien du foyer, surtout par rapport à l’éloignement, j’aimerais que les autorités auxquelles je m’adresse par l’intermédiaire de votre journal m’octroie une parcelle de terre à mechta Magroun, la plus proche du chef-lieu de la commune. Avec une nouvelle aide financière, cela me permettra d’ériger une habitation décente pour une meilleure prise en charge de mes pauvres rejetons qui n’en peuvent plus de supporter les mauvaises conditions de vie dans lesquelles ils sont en train de ronger leur frein depuis leur enfance. Je souhaiterais, par ailleurs, qu’on m’accorde une motocyclette car étant infirme comme je l’ai déjà dit, je ne suis plus en mesure de me déplacer à pied », a conclu le vieil homme dans une suite de soupirs qui en disent long sur son abattement interne.

Hamid Fraga

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