Quelques semaines après la visite d’État du président de la République en Turquie, le chef d’État-Major de l’ANP se rend, lui aussi, à Moscou dans une visite officielle entamée hier. Le général d’armée Saïd Chengriha y rencontrera au moins le ministre russe de la Défense, Sergueï Choigo et d’autres hauts gradés de l’armée russe. Le communiqué du ministère de la Défense nationale ne précise pas l’objet de la visite du chef de l’armée algérienne à Moscou. Mais il est clair qu’en plus de la relation classique entre deux armées qui se connaissent très bien pour avoir entretenu une relation d’une soixantaine d’années, cette virée permettra à coup sûr de concrétiser des accords signés entre les deux Etats à l’occasion de la visite présidentielle effectuée par Abdelmadjid Tebboune en juin dernier. Il s’agit d’une opération visant à moderniser certains équipements de l’armée algérienne.« On ne parle pas de l’achat d’armes comme on en parle lors de l’achat de guirlandes », disait un jour l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia en réponse à la question d’un journaliste sur l’acquisition d’armes auprès de la Russie. La citation est toujours valable puisque les autorités, autant algériennes que russes, ne donnent quasiment pas de détails sur ces transactions. Mais ce n’est un secret pour personne que l’Algérie est parmi les plus grands clients russes en matière d’armements. Des médias russes évoquent un contrat de près de 7 milliards de dollars. Il s’agit, en grande partie, de commandes passées depuis quelques années s’agissant par exemple d’avions de dernière génération et des systèmes de missiles S400, qui ne sont disponibles que dans deux à trois armées dans le monde en dehors de l’armée russe.La coopération militaire algéro-russe ne se limite pas aux armes. Les deux armées effectuent régulièrement des exercices militaires de haut niveau pour préparer, notamment, des manœuvres de lutte contre le terrorisme. Deux grandes exercices ont eu lieu entre 2021 et 2022, d’abord en Russie puis en novembre dernier à Béchar. Les manœuvres ont réuni un nombre très limité de militaires, mais ils font partie des troupes d’élite. Cette coopération militaire algéro-russe, qui remonte aux premières années de l’indépendance, n’empêche pas l’Algérie d’avoir d’autres partenaires. Ainsi, la Chine et dans une moindre mesure l’Italie, l’Allemagne et l’Afrique du Sud sont des fournisseurs réguliers de l’ANP en armements de différents types, notamment en bateaux et avions légers et hélicoptères. A cela s’ajoute, en parallèle, le développement d’une industrie de défense ici, en Algérie. Cela permet de réparer de vieux engins, de moderniser d’autres et de fabriquer des armes et équipements jusque-là importés. Et cela donne la possibilité à l’armée algérienne de se libérer davantage de l’importation d’armes de l’étranger.
Akli Ouali
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