En attendant la réalisation d’un port de plaisance sur la plage de Djenane El Bey (Seraïdi), projet dont le Plan d’Aménagement Touristique (PAT) n’a malheureusement pas encore débuté, la plage familiale de la Caroube semble s’être transformée en un port d’attache clandestin, suscitant ainsi une grande déception au sein de la société annabie. Cette dernière est confrontée à un sérieux problème qui a affecté sa vie sociale, à savoir la prolifération de l’informel. Au plan d’eau de la Caroube, l’économie informelle se distingue, depuis quelques temps, par un nouveau créneau, à savoir les « parkingueurs maritimes ». Ces derniers auraient réussi à « s’infiltrer » dans le domaine maritime, c’est-à-dire les biens de la marine nationale relevant du Ministère de la Défense Nationale (MDN). Ils semblent avoir simplement établi un « port d’attache » réservé aux engins motorisés de luxe sur une plage très fréquentée et chère aux habitants d’Annaba. En effet, ces personnes auraient illicitement installé, au grand jour, des bouées de balisage pour délimiter la zone réservée à cet amarrage, empêchant ainsi l’accès des baigneurs. Selon les habitants, ce nouveau label de l’informel existe depuis plusieurs années sur cette étendue maritime, un golfe protégé contre les vents et les courants, de l’avis des gens de la mer. On peut constater sur place qu’elle est envahie par une cohorte de bateaux de plaisance qui jettent facilement l’ancre à proximité des paisibles baigneurs. Les nombreuses familles qui fréquentaient assidûment cet espace de loisirs et de détente auraient été contraintes de partir, car il ne remplirait plus sa fonction initiale. D’après nos informations, la vocation première de cette plage aurait été détournée par un groupe de personnes peu recommandables, ayant un passé judiciaire, pour accueillir une pléthore de bateaux au détriment des baigneurs. La mainmise sur ce rivage permet à ces gens de toucher, tout au long de l’année, d’importants pactoles. Selon nos sources, le coût de l’amarrage d’un bateau pour une période de 24 heures varie entre 500 et 1.000 dinars. Environ quarante embarcations viennent jeter l’ancre à chaque fin de journée. Le monde pernicieux de l’informel est très étendu et englobe à la fois les circuits commerciaux légaux et illégaux, et s’installe subrepticement dans le commerce national avec une flexibilité étonnante. Un professeur universitaire hautement qualifié en la matière a exprimé son avis : « Nous sommes en contact quasi-permanent avec ce fléau qui influence toutes nos transactions commerciales, allant des marchés de quartier au commerce de grande envergure, toute activité confondue. Toutes les occasions sont propices pour exploiter les filons des voies impénétrables qu’est l’informel ». De nombreux habitants d’Annaba se questionnent sur la manière dont ces personnes ont pu s’arroger les lois de la République pour « imposer » l’informel dans les marchés de gros, les souks, les braderies et même dans les secteurs des produits pyrotechniques, du ciment et du fer à béton. Il convient de reconnaître que l’informel est bel est bien entré dans les mœurs. Mais comment s’en débarrasser ?
B. S.-E.
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