Chaque année en pareille saison, une profusion de fruits et de légumes provenant des oasis environnantes de la ville de Biskra font leur apparition sur les marchés, pour la grande joie des consommateurs. En effet, les étals des marchands du marché central sont garnis de gombos ou cornes grecques, cédés entre 450 et 600 dinars le kilo. Ce légume vert mucilagineux, appelé g’naouia, est le principal ingrédient dans la préparation d’un succulent ragoût accompagné de viande de mouton relevé d’épices que l’on appelle localement le « plat des rois ». Il est dégusté avec de la galette Khemira. Juste à côté, on trouve la courge de couleur verte pâle qui sert à agrémenter les Messaguias (littéralement les plats irrigués) ; Chakhchoukha, Tchicha et surtout El Hassoua. Une unité de ce légume en forme de calebasse vaut de 120 à 200 dinars selon son poids. Il y a aussi des figues et des figues de barbarie (opuntia) que les vendeurs s’affairent à éplucher. « Hindi hindi, el mouss min âandi », crient-ils pour appâter le chaland. Elles s’écoulent à l’unité ou au kilo et on peut la déguster sur place. Mais tous ces fruits et légumes de saison ne recueillent pas le même succès que le M’naggar, relève-t-on. Cette datte précoce à la robe reconnaissable entre toutes puisque constituée d’une partie jaune, croquante et gorgée de suc et une partie brunâtre, sucrée et fondante ouvre la saison des récoltes des dattes, laquelle commencera dans la région des Ziban vers la mi-septembre. Les habitants du Sud algérien sont friands de M’naggar car mariée à un morceau de galette et accompagnée d’une lampée de lait, elle constitue un repas de choix pour les connaisseurs. C’est une source d’antioxydants, de fructose, de fibres, d’oligo-éléments, d’acides aminés et de vitamines excellents pour la santé, est-il certifié. Connaissant le goût et les vertus de cette variété de dattes, beaucoup d’habitants du nord demandent à leurs familles ou à des amis du sud de leur en envoyer quelques kilos, notera-t-on. Les revendeurs en proposant sont assaillis par les clients ne voulant pas repartir sans une quantité de cette baie des oasis bicolore consommée en guise de « Fel », signifiant acte avant-coureur ou d’avant-garde pour les locaux. De plus, les phoeniciculteurs disent que de l’évaluation de l’abondance et de la qualité du M’naggar, ils peuvent prédire que la saison de la récolte des dattes sera bonne ou pas. « Quand cette baie du palmier-dattier est fripée, rabougrie et que la partie jaunâtre vire à l’orange ou vers une couleur de rouille, cela dénote d’un défaut de traitement phytosanitaire, d’une attaque des ravageurs ou d’une crise hydrique. Cette année, il semble que les quantités de M’naggar produites sont excellentes et indemnes de tous parasites. Elles sont brillantes, charnues, succulentes et mielleuses. Cela augure d’une bonne saison, si Dieu le veut », a souligné un amateur de dattes.
Hafedh Moussaoui
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