La France au Niger où elle est très mal vue par les putschistes qui lui reprochent de piller les ressources de leurs pays (uranium, or etc…) semble de plus en plus prise de vitesse. Son option armée pour rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions commence à battre de l’aile. Même ses précieux alliés au sein de la Cédéao, sont de moins en moins chauds à l’idée d’envoyer des bidasses guerroyer contre les «frères» du Niger. Le fait est que cette organisation pourtant si proche voire contrôlée par la France n’a pas jugé utile de joindre l’acte à la parole en décidant de ne pas donner suite à l’ultimatum qu’elle a donné aux putschistes pour libérer Bazoum et rétablir l’ordre constitutionnel. C’est que l’équation se complique de plus en plus pour la France mais surtout ses soutiens au sein de la Cédéao qui ont dû prendre au sérieux la menace du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée de riposter à toute intervention armée au Niger. Du coup, il y a comme une prise de conscience que le recours à la force risque d’être une catastrophe pas seulement pour le Niger mais pour tous les pays de la sous-région du Sahel et évidemment l’Algérie. Signe de ce changement de stratégie, les Etats Unis qui disposent d’un contingent de soldats au Niger, ne sont eux aussi plus sur la même longueur d’ondes que les Français s’agissant du règlement de la crise politique au Niger. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken qui a accordé lundi un entretien exclusif à RFI, a dit que son pays privilégie la voie diplomatique contrairement à la France qui, elle, menace d’intervenir militairement. «La diplomatie plutôt que l’intervention militaire ? » interroge le journaliste de RFI ? Réponse du patron du Département d’État : «Il est certain que la diplomatie est le moyen préférable pour résoudre cette situation. C’est la démarche de la Cédéao, c’est notre démarche et nous soutenons les efforts de la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel». Ces propos de Blinken sonnent comme une mise en garde de Washington à l’égard de la volonté française d’intervenir militairement. Du coup, Paris semble perdre pied au Niger dans la recherche d’une solution à la crise politique. Même ses amis et ses alliés de la Cédéao, un temps menaçants vis-à-vis des putschistes au Niger, rallient à la queue leu leu la voie diplomatique. On est passé en effet d’un consensus pour l’option armée à un consensus pour la négociation !«Nous sommes derrière les efforts de Cédéao en Afrique pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, nous œuvrons donc de façon diplomatique à soutenir leurs efforts. Je suis en contact régulier avec des leaders en Afrique, avec la Cédéao elle-même… », a ajouté le secrétaire d’État américain. Autrement dit, Paris a perdu la bataille avant même de la livrer.
Par Imane B
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