En l’absence de structures balnéaires dans les wilayas côtières de l’Est algérien, de nombreux estivants ont pris le départ direction de leur destination privilégiée, en l’occurrence la Tunisie et principalement Tabarka, un haut lieu du tourisme, tout comme les villes de Sousse et Hammamet. En effet, le manque de complexes dans la région de l’extrême nord-est en général – qui d’ailleurs se comptent sur les doigts de la main – et dont le séjour est qualifié de « très cher », a fait que les vacanciers, y compris ceux d’Annaba, se rabattent sur la Tunisie. Ainsi, les milliers de touristes en provenance des wilayas des hauts plateaux et du sud, de plus en plus nombreux à être signalés à Annaba, n’ont à leur disposition que la location d’appartements auprès de particuliers, situés non loin de la côte et proposés à des prix de plus en plus inabordables. Les complexes dont dispose la Coquette, à l’image de Sabri, Rym El-Djamil, El-Montazah de Seraïdi ou encore Chems les Bains, affichent complet depuis déjà plusieurs mois. Seuls les appartements situés loin de la côte sont considérés comme « accessibles » pour une quinzaine de jours. La formule de location chez l’habitant, qui est pratiquée au noir depuis des années, a été autorisée à Annaba durant l’été 2011 dans le but de pallier la faible capacité d’accueil, rappelle-t-on. Ainsi, les habitants ont la possibilité de sous-louer leur domicile pendant la période estivale, faisant que l’insuffisance de structures hôtelières a été quelque peu palliée par la location d’appartements ou de niveaux de villas, qui a connu un essor extraordinaire. Cependant, les prix s’envolent pendant les vacances. Soulignons que les tarifs varient d’un endroit à un autre. Sur la corniche annabie, autrement dit les pieds dans l’eau, le prix est entre 30.000 et 40.000 dinars pour une durée de 24 heures. S’agissant des logements situés aux alentours, à l’exemple de Kouba et de Gassiot, ils se négocient entre 200.000 et 250.000 dinars le mois. En revanche, la location d’un appartement meublé du côté de la cité Plaine Ouest ou celle de Djabenet Lihoud, implantées à un quart d’heure de la côte, reste onéreuse. Selon des tarifs affichés sur les applications mobiles, le coût d’une nuit varie entre 4.500 et 5.500 dinars. Ceci n’a cependant pas empêché de nombreuses familles de rejoindre les cités côtières de la wilaya, principalement le chef-lieu, Seraïdi et Chetaïbi. Elles s’y installent chaque soir sur les plages pour dîner en profitant de la brise de la grande bleue. À Annaba, les soirées au bord de la mer sont une tradition ancestrale, d’autant plus que cette ville millénaire est principalement connue pour sa corniche « urbanisée » où la mer fait partie intégrante du décor. Les cités les plus importantes de la zone nord se trouvent à la fois en ville et entre ciel et mer, le long de la corniche. Des quartiers tels que Saint-Cloud, Kouba ou encore La Caroube sont à la fois des zones résidentielles et des plages.
Seraidi, Chetaïbi et Sidi Salem, trois villes, trois ambiances !
Dans le village touristique de Seraïdi, implanté à plus de 900 mètres d’altitude, où la fraicheur est garantie et dont la montagne offre un lieu de repos, les appartements sont loués pratiquement au même prix qu’à Annaba. Bien que située à environ treize kilomètres, la plage unique dont dispose le village, à savoir Oued Bakrat, ou Djenane El Bey pour les intimes, est fréquentée par les hôtes d’Annaba de jour comme de nuit. De l’autre côté de l’ex-Bugeaud, les locations d’appartements, qui sont rares, demeurent inaccessibles pour beaucoup d’entre eux. La location d’une villa de luxe est estimée à plus de 500 euros par semaine, de juin à fin septembre. En réalité, le village attire principalement les immigrés et les personnes aisées. Malgré ses immenses potentialités naturelles, dont la baie Ouest mondialement réputée, Chetaibi, ex-Tekouche, située à 70 kilomètres à l’ouest d’Annaba, ne profite de ces atouts que l’espace d’une saison : l’été. Encore là, beaucoup reste à faire. Les capacités d’accueil sont pratiquement inexistantes. Les nombreux touristes n’ont à leur disposition, en réalité, que quelques appartements. Ici, les maisons sont louées à hauteur de 70.000 dinars pour une dizaine de jours. Mais, en réalité, les nombreuses familles en provenance du Sud pour les grandes vacances ne trouvent finalement leur compte que du côté de La Marsa, une ville côtière de la wilaya de Skikda, située à la limite de celle d’Annaba. Certes moins luxueuses, mais moins chères, les maisons individuelles, y compris celles donnant sur le front de mer, sont pratiquement toutes allouées entre 5.000 et 7.000 dinars la nuit au profit des citoyens venant du grand Sahara. La plus importante plage dont dispose la Coquette, à savoir celle de Sidi Salem, longeant le littoral sur plusieurs kilomètres jusqu’à Boulhmira, à la limite de la wilaya d’El Tarf, est malheureusement infréquentable en raison des rejets polluants. Il s’agit d’un véritable conglomérat de liquide visqueux et vaseux renfermant des vecteurs de maladies infectieuses provenant de l’oued Seybouse. Plus de 61 ans après l’indépendance, aucune infrastructure touristique n’a été réalisée dans cette partie de la wilaya, livrée à elle-même. Qualifiée de la plus polluée de la côte algérienne et surnommée le « port international des Harraga », la plage de Sidi Salem, également réputée pour le trafic de corail, a été transformée en un véritable dépotoir de nuisances en raison des déchets toxiques déversés depuis l’embouchure de la Seybouse. C’est ce qui a découragé les promoteurs et les investisseurs du secteur touristique à investir dans cette région.
B. Salah-Eddine
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