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Crise au Niger : Un impact négatif sur l’Algérie

Le coup d’Etat en cours au Niger n’en finit pas de livrer de nouveaux secrets, notamment sur son impact sur les pays voisins à commencer par l’Algérie. Selon l’ancien diplomate et ministre, Abdelaziz Rahabi, ces tensions permanentes aux frontières de l’Algérie relèvent « d’une stratégie délibérée d‘affaiblir son armée en la mettant sous tension permanente dans une guerre d’usure non déclarée ». Plus que cela, une intervention armée de la CEDEAO, la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, affecterait « les intérêts stratégiques de l’Algérie car les frontières sont plus qu’un marqueur matériel d’une limite territoriale, elles sont des lignes de souveraineté que la Nation a chargé son armée de défendre ». A l’origine de cette hostilité vis-à-vis de l’Algérie se trouve sa position sur les questions de décolonisation. Abdelaziz Rahabi relève qu’il y a « depuis quelques années une opération de diabolisation de  l’Algérie visant à présenter notre pays comme une puissance hostile aux intérêts occidentaux en prenant prétexte de nos positions sur le conflit en Ukraine et sur le processus de normalisation avec Israël ». Cela apparaît dans « les attitudes diplomatiques de nos partenaires, dans l’ensemble des médias occidentaux et dans les réseaux sociaux des pays arabes qui ont signé les Accords d’Abraham », note-t-il avant de faire remarquer que l’Algérie, comme la Tunisie, sont quasiment mis à la marge dans la gestion du dossier libyen, pays frontalier des deux pays. Sur le terrain, la situation se complique. Les putschistes, au pouvoir à Niamey, accusent publiquement la France d’avoir violé l’espace aérien de leur pays, fermé depuis dimanche dernier, pour « libérer » des « terroristes détenus ». Après leur libération, ces djihadistes ont participé à «une réunion de planification» d’une attaque «de positions militaires dans la zone des trois frontières» entre Niger, Burkina Faso et Mali, dans l’Ouest nigérien, indique un communiqué du CNSP, le Conseil national pour la sauvegarde du pays, l’équipe des militaires qui prennent toujours en otage l’ancien président, Mohamed Bazoum. «Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays», affirme le CNSP, dont le but est de le «discréditer» et de «créer» une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d’insécurité généralisée.

Situation confuse sur le terrain

Pendant ce temps, des sources concordantes affirment que le président déchu, Mohamed Bazoum, demeure toujours en détention. Pour le pousser à la démission, les militaires lui auraient coupé les vivres et ne se « nourrit que du riz sec et des pâtes ». Des médias rapportent que le chef de l’Etat est désormais interdit d’entrer en contact avec aucune autre personne, y compris son médecin personnel. Il est en contact isolement, en compagnie de sa femme. Pour le faire libérer, des soutiens organisent la résistance. L’ancien rebelle touareg Rhissa Ag Boula a annoncé, dans la soirée du 8 août, la création d’un Conseil de la résistance pour la République. Il appelle les militaires « à procéder à l’arrestation » du chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani. Dans la déclaration constitutive de ce Conseil de la résistance pour la République (CRR), Rhissa Ag Boula qualifie d’« ignominie » et de « trahison » le coup d’État mené par le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et désormais ex-commandant de la garde présidentielle de Mohamed Bazoum. Il dénonce le « jusqu’au-boutisme de certains membres de la junte », ainsi que « la tentation de faire appel à des mercenaires et criminels de guerre connus sous le nom de Wagner ». Le CRR « met en garde qu’il se donnera tous les moyens nécessaires » pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions et, en ce sens, il affirme soutenir pleinement la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et ses partenaires internationaux pour une intervention militaire. La CEDEAO, qui a menacé un temps d’intervenir militairement pour faire libérer Mohamed Bazoum, va se réunir une nouvelle fois ce jeudi pour tenter de trouver une solution à la crise au Niger. Il semble que pour l’heure, l’option militaire s’éloigne sous la pression des pays voisins comme l’Algérie. Mais aucune solution diplomatique n’est en vue.

Akli Ouali

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