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Gazoduc Nigéria-Niger-Algérie : Qui a intérêt à saborder le projet ?

Les chefs d’état- major des armées de la Cédéao vont se réunir aujourd’hui samedi à Accra au Ghana pour étudier les  « meilleures options » d’une intervention militaire au Niger. Jeudi dernier, les dirigeants de 11 pays africains affiliés à cette communauté ont donné leur feu vert pour un déploiement de force dans le but de rétablir le président nigérien renversé par un coup d’Etat dans ses fonctions. Les membres de la Cédéao n’ont pas encore établi de calendrier, ni donné des précisions sur le nombre des forces armées appelées à intervenir au Niger. Seul le chef d’Etat ivoirien s’est engagé d’envoyer entre 850 et 1 100 soldats. Pour le reste, rien n’est déterminé avec la réticence exprimée par certains pays comme le Cap Vert, Libéria et Sierra Leone. Car au moment où le chef d’Etat ivoirien déclare que « les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, et que tout dépend d’eux », tout en exprimant sa « détermination à réinstaller le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions », le président du Nigéria ne dissimule pas son espoir de parvenir à une solution pacifique avant le recours à la force en dernier ressort. Pendant ce temps, les putschistes considèrent la Cédéao comme une « organisation à la solde de la France ». Pour l’Algérie dont le ministre des AE vient d’effectuer une visite de travail aux Etats-Unis, il est à craindre qu’un autre conflit au Niger se transforme en une « guerre par procuration » entre puissances étrangères comme cela a été le cas en Lybie. « Après la Lybie, le Mali et aujourd’hui éventuellement le Niger, l’Algérie semble craindre qu’un autre conflit politique interne ne devienne le théâtre d’une guerre par procuration entre puissances étrangères », explique un analyste politique algérien, chercheur au Royal United Services Institute. « L’Algérie soutient que toute forme d’intervention visant à rétablir Bazoum pourrait significativement faire dérailler la situation. Elle redoute qu’en cas d’échec de ces efforts, cela pourrait finir par mener à une situation semblable aux défis auxquels est confronté le Mali, au seuil de l’Algérie », souligne-t-il dans une déclaration publiée par le site Middle East Eye. Dans l’hypothèse où le président Bazoum est réinstallé dans ses fonctions suite aux pressions occidentales et notamment françaises, ne va-t-il pas devenir plus réceptif à toutes sortes d’ingérences provenant de Paris ou d’ailleurs ? « Si intervention il y a et que c’est un succès, cela donnerait aux puissances derrière cette intervention un point de départ pour obtenir quelque chose de mieux pour elles. Nous aurions un Bazoum 2.0 qui serait plus malléable, plus flexible, plus soumis et en résumé plus amical envers les intérêts occidentaux, y compris la France », met en garde le chercheur. Un autre analyste met en exergue le futur projet d’un gazoduc traversant le Nigéria, le Niger et l’Algérie destiné à alimenter l’Europe « jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an ». La question est de savoir qui a intérêt à le saborder ?

M.M 

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