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Un an après avoir été détruit par le feu : Le marché couvert de Sétif sombre dans l’oubli

Le calme du centre-ville de Sétif est fortement secoué, lundi 29 août 2022, vers 23 heures. L’incendie ayant embrasé le marché couvert en est la cause. En quelques instants, une tranche de vie pour plusieurs générations de commerçants et marchands s’évapore. Un pan de l’histoire de la cité millénaire part en fumée. Visibles à des kilomètres à la ronde, les flammes brisent des familles et cassent 173 commerçants (bouchers et marchands d’olives, de fruits et légumes et de vêtements) se retrouvant, en un clin d’œil, à la rue et dans la précarité. La terrible nouvelle se répand telle une trainée de poudre et attriste les Setifiens pleurant à chaudes larmes la disparition d’un témoin construit au début des années 1900 et rénové en 1949. En plus des dégâts matériels importants, puisque la toiture et plus de cinquante locaux de boucherie ont été calcinés, le préjudice moral et financier est incommensurable. Ainsi, les 2.700 mètres carrés de cet imposant espace commercial implanté au cœur de l’agglomération se transforment en une fraction de seconde en amas de ferrailles. La disparition de l’endroit met à mal la population, particulièrement les habitants du centre-ville, lesquels sont non seulement contraints de changer leurs habitudes mais d’aller, la mort dans l’âme, ailleurs pour faire leurs courses  quotidiennes. Un court-circuit à l’origine du terrible sinistre carbonise un patrimoine collectif et transforme une grande partie du centre-ville en un point noir où la vie s’est complètement arrêtée, au grand désarroi des riverains et des commerçants des alentours. « Les engagements des autorités, ayant pourtant promis de tout entreprendre pour permettre au marché couvert de renaître de ses cendres, se sont malheureusement liquéfiés. Une année après, point de réhabilitation du marché, devenu la principale plaie du poumon de Sétif, ne méritant pas un tel sort. L’émotion des premiers jours cède la place à l’oubli puisque le sujet est classé dans les tiroirs. On ne mesure pas le calvaire des anciens marchands, attendant sur des charbons ardents la fin du calvaire. L’approche de l’actuelle assemblée communale, ne faisant pas mieux que les précédentes, en rajoute une couche. A cette allure, le marché connaitra le même sort réservé au stade Mohamed Guessab, fermé pendant plus de treize ans pour une simple opération de réhabilitation. Lamentable ! », fulminent des riverains du mastodonte faisant pitié, fortement impactés par l’incendie. En ayant gros sur le cœur, des commerçants ne mâchent pas leurs mots : « La fermeture du marché drainant quotidiennement des centaines de clients alors que les jours de fêtes, l’affluence est multiplié par dix, a fortement impacté l’activité commerciale du centre-ville où nos chiffres d’affaires sont au rouge. Notre manque à gagner est énorme. Nous chômons. La nonchalance de la commune nous empoisonne l’existence et met en péril notre gagne-pain. On s’explique mal cette façon de faire. La remise en état ou la reconstruction du marché n’a rien de sorcier. Ils ne vont tout de même pas ériger un gratte-ciel. Notre malheur n’offusque pas outre mesure nos élus, faisant comme si de rien n’était. On craint qu’une telle situation s’éternise. On connait l’éternel refrain des gestionnaires de la municipalité, n’éprouvant aucune difficulté à trouver le sempiternel bouc émissaire : les procédures administratives. La pilule ne passe plus ». « Nous sommes presque certains que ce dossier sera, à n’en pas douter, l’autre point noir de l’APC (Assemblée Populaire Communale, ndlr), dans l’incapacité de le régler avant la fin du mandat avançant à grandes enjambées », pestent nos interlocuteurs ne sachant où donner de la tête. Par soucis d’objectivité, nous avons essayé de prendre attache avec le président de l’APC de Sétif, en vain. Selon des bribes informations en notre possession, le dossier serait au niveau de la wilaya. En attendant la fin du cauchemar, le poumon de la vieille cité prend l’eau.

A. Bendahmane

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