« Nous célébrons ces dates historiques avec beaucoup de fierté d’appartenir à ce pays, terre de lutte et forteresse des libertés » a écrit le président de la République dans un message, rendu public hier, adressé à la nation à l’occasion de la double commémoration du 20 août 1955 et du 20 août 1956. « Nos valeureux martyrs ont inculqué pour les futures générations la graine de la loyauté à la proclamation du 1 er Novembre » a souligné Abdelmadjid Tebboune, exhortant les Algériens à s’engager dans le processus de consolidation des acquis du pays et à œuvrer pour son développement. « Nous prévoyons plus de progrès pour notre pays pour consolider sa position stratégique dans la région et dans le monde », a-t-il insisté. Il y’a 68 ans, environ 8 mois après le déclenchement de la révolution armée, le 1er novembre 1954, le nord constantinois s’embrasait. Les offensives militaires lancées par les maquisards allaient confirmer toutes les craintes de l’administration coloniale : il n’est plus question d’actes « isolés » menés par des fellaghas coupés du monde, mais d’une véritable guerre de libération nationale. Les stratèges français, politiques et militaires, qui déployèrent des moyens exceptionnels pour cette époque dans le but d’en finir avec l’insurrection, allant jusqu’à commettre des massacres à grande échelle, sont désormais convaincus que ce n’était une histoire de « bandes égarées » comme le soutenait la propagande coloniale, mais la révolte de tout un peuple déterminé à se libérer du joug de l’occupation. Malgré toutes les polémiques réelles ou inventées par des personnalités issues des milieux universitaires et politiques, sur le timing de ce soulèvement et sur des questions organiques, qui y étaient liées, les offensives du nord constantinois marquèrent un tournant décisif sur tous les plans, particulièrement psychologique, dans la mesure où le choix de la lutte armée venait de basculer les données. La « guérilla » populaire prenait le chemin de non-retour ! Le 20 août 1955 est une date repère. La plupart des historiens l’ont relevé. Une année plus tard, le 20 août 1956, se tenait à Ifri Ouzelaguen le congrès de la Soummam. Mohamed Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Krim Belkacem, Lakhdar Bentobal ainsi que d’autres dirigeants avaient décidé de mettre en place une organisation politico-militaire, qui allait devenir une référence en termes de structuration révolutionnaire. La conduite de la guerre de libération nationale ne dépendait plus des chefs « historiques » installés à l’étranger, dont certains étaient dans l’impossibilité de rentrer. Pour rappel, le 22 octobre 1956, Hocine Aït Ahmed, Mostefa Lacheraf, Mohamed Boudiaf et Mohamed Khider furent arrêtés à la suite du détournement de l’avion qui les menait de Rabat à Tunis. Elle dépendait désormais des chefs opérationnels de chaque wilaya historique. L’acte de piraterie aérienne n’a pas réussi à décapiter la révolution algérienne ! Ses effets n’avaient pas tardé à se retourner ses concepteurs. Aujourd’hui, le sacrifice de Zighout Youcef, de Mohamed Larbi Ben M’hidi ou de Abane Ramdane rappelle aux générations présentes le prix d’une liberté chèrement acquise qu’elles sont appelées à préserver et à protéger en toute circonstance.
Mohamed Mebarki
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