Le circuit du commerce, notamment celui des produits de large consommation est-il insaisissable au point d’échapper au contrôle des pouvoirs publics ? Il y’a une dizaine de jours, des bruits avaient couru au sujet d’une pénurie de sucre, qui se profile à l’horizon. Sur les réseaux sociaux, on parlait d’une imminente tension, qui allait toucher ce produit. Il ne fallait pas plus pour mettre la pression sur les consommateurs. Ces derniers, du moins une grande partie, n’ont pas trop attendu et ont commencé à stocker d’importantes quantités de sucre et à constituer des réserves. En quelques seulement, les étalages des grandes surfaces et des petits commerces ont été vidés de leur contenu. La pénurie s’installait de fait. Mais curieusement pas pour longtemps. Le sucre est réapparu après quelques jours d’absence et tout est rentré dans l’ordre. Pour combien de temps ? Nul ne peut prédire quoi que ce soit à la veille d’une rentrée sociale, une période propice aux rumeurs et à l’intox, que les réseaux constitués par les barons du commerce de gros, de plus en plus réfractaires à toute réglementation, considèrent comme une occasion idéale pour imposer leur volonté à des pouvoirs publics bridés par leurs vieux réflexes bureaucratiques. C’est souvent à la veille de chaque rentrée sociale que les informations à propos de rupture de stocks et de crise se multiplient. C’est devenu une tradition que les cercles perturbateurs n’hésitent pas à exploiter dans le but de provoquer des tensions. Cette histoire d’une vraie fausse pénurie de sucre à fait réagir le ministre du Commerce. Lors de l’inspection effectuée hier dans une unité de production de sucre à Ouled Moussa, dans la wilaya de Boumerdès, Tayeb Zitouni a annoncé « la volonté des autorités de renforcer le contrôle sur le sucre en améliorant le suivi du produit dans tout le processus, à partir de sa fabrication jusqu’au consommateur final ». « Nous comptons renforcer la traçabilité sur le sucre en assurant un meilleur contrôle et suivi depuis sa sortie de l’usine de production jusqu’à sa transformation, qu’elle soit dans les usines de fabrication de boissons gazeuses, de pâtisseries ou chez les artisans », a-t-il indiqué, démontrant par là, une réactivité à toutes les épreuves. Le ministre a précisé que « le suivi se fera de manière informatisée pour assurer la traçabilité de chaque Kilo qui va vers l’industrie et celui qui va vers la consommation domestique ». Tout en mettant l’accent sur le contrôle du sucre industriel, un créneau, qui, selon lui, n’est pas épargné de quelques pratiques indésirables, sans qu’il les détaille, Tayeb Zitouni a assuré que « le suivi sera généralisé à l’ensemble des unités de production ». Pourquoi un tel renforcement du contrôle sur le sucre ? Le ministre s’est limité à une seule et unique explication : « nous importons une grande quantité de matières premières et on doit au moins la maîtriser », a-t-il souligné, rappelant que le prix de ce produit est soutenu par l’Etat et que la matière première est importée. Il est à rappeler que dans la loi de Finances 2023, le budget alloué à la subvention du sucre blanc et l’huile raffiné est estimé à 38,5 milliards de DA.
Mohamed Mebarki
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