La date historique du 20 août a été la thématique, avant-hier dimanche 20 août, d’une conférence nationale organisée par la wilaya de Mila. Le ministre des Moudjahidine, Laid Rbiga, des historiens, de hauts cadres de l’Etat et la famille révolutionnaire locale, ont pris part à la manifestation, abritée par le musée d’El Moudjahid de la ville chef-lieu. Plusieurs communications historiques ont été présentées à cette occasion. Rbiga a précisé, dans son intervention, que la célébration de l’historique date du 20 août tend à « mettre en valeur le génie de la glorieuse Guerre d’indépendance et dans le même temps, renforcer les liens affectifs avec cette génération de révolutionnaires qui s’est sacrifiée pour l’indépendance du pays ». Et d’ajouter : « L’institution de la date du 20 août Journée nationale du Moudjahid n’est pas fortuite. C’est pour rappeler à la mémoire collective les hauts faits de guerre et les sacrifices consentis pour la libération du pays. Et dans le même temps, rendre un hommage aux artisans de l’indépendance, femmes et hommes, qui ont marqué de leur empreinte la glorieuse histoire nationale ». Pour le ministre, l’Algérie a accédé au rang de nation et est devenue une référence pour les peuples opprimés, grâce à l’action et à l’engagement de ces Algériennes et Algériens qui avaient refusé de troquer leur liberté contre les mirages que leur faisait miroiter l’Occupant. Évoquant les Attaques du Nord-constantinois, le ministre dira : « Les opérations militaires menées dans le Nord-constantinois, sur décision de Zighoud Youcef, alors responsable de l’historique Wilaya II, avaient créé de nouveaux rapports de force sur le terrain et relancé le travail armé contre l’ennemi ». Pour Toufik Benzarfa, professeur d’histoire à l’université d’Oum El Bouaghi, la date du 20 août traduit la « volonté irréversible à l’indépendance du peuple algérien ». Pour l’universitaire, le 20 août 1955 a « réalisé des objectifs stratégiques et militaires », alors que le 20 août 1956 « a ancré la révolution dans les esprits et les pratiques des Algériens». D’autre part, l’orateur a qualifié le génocide commis par la France coloniale d’holocauste. « Des crimes d’une rare barbarie. La mutilation des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants, tués avec sang-froid et l’envoi de crânes à la métropole tiennent lieu d’holocauste. Il n’y a pas d’autres termes pour qualifier cela », dira-t-il. Pour ce qui le concerne, le moudjahid Abdelmalek Boulmarka a fait une longue rétrospective sur le parcours révolutionnaire de Lakhdar Bentobal, dit Si-Slimane. Il a évoqué son engagement dans la Guerre de libération, ainsi que ses missions politiques, depuis son adhésion, en 1942, au Parti du Peuple Algérien (PPA) jusqu’à l’indépendance, en passant par sa participation aux négociations des Accords d’Evian et les postes de ministre qu’il a remplis dans le premier et le second Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). Signalons qu’à l’occasion de cette conférence historique, la wilaya a honoré la famille de Lakhdar Bentobal, ainsi que les moudjahidines Hocine Hadef, secrétaire de wilaya de l’organisation des Moudjahidines, Bouteldj Mohammed, son prédécesseur à ce poste, Ouart Youcef, Boulmarka Abdelmalek, Sifoun Lakhdar, Djabli Boudjamaâ et Houria Tobal.
La bande-annonce du biopic « Zighoud Youcef » dévoilée
Une courte séquence de deux minutes du film retraçant la vie du héros de la révolution, Zighoud Youcef, a ainsi été présentée, en guise de bande-annonce, au public présent au musée El Moudjahid de la ville. Produite par le ministère des Moudjahidines et des Ayants-droits, l’œuvre cinématographique retrace le parcours du chef emblématique de l’historique Wilaya II. Le tournage a été lancé en 2022, selon le docteur Hocine Abdessatar, du Centre National d’Etudes et de Recherche sur le Mouvement national et la Révolution du Premier Novembre (CNERH-NOV54). Approché sur les lieux, celui-ci a précisé à L’Est Républicain : « Le tournage a duré neuf mois. La majorité des séquences de cette œuvre historique a été tournée dans la wilaya de Mila. Le film est d’une longueur de deux heures. Maintenant, on est en phase de montage. Dans quelques semaines, il sera prêt pour son avant-première ». Pour rappel, Zighoud Youcef (1921-1956) est un chef militaire national et l’une des figures emblématiques de la glorieuse Guerre d’indépendance. Né à Smendou, à Constantine, il a adhéré au Parti du Peuple Algérien (PPA) en 1938. Élu du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) en 1947, il a rejoint les rangs de l’OS (Organisation Secrète). Arrêté en 1950 par la police française après la découverte des structures de l’OS, Zighoud est emprisonné à Annaba. Il s’évade de la prison en avril 1954 et rentre dans la clandestinité. Il s’engage dans le CRUA (Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action) et participe à sa première réunion, le 25 juillet 1954, à Clos Salambier. Le 1er Novembre 1954, Zighoud est désigné secrétaire de Didouche Mourad, chef de la zone du Nord-constantinois (historique Wilaya II). Après la mort de celui-ci, lors de la bataille d’Oued Boukerker, le 18 janvier 1955, Zighoud devient le chef de la Wilaya II. Le héros est l’artisan de l’Offensive du Nord-constantinois, le 20 août 1955. Il est mort à l’âge de 35 ans, le 25 septembre 1956, dans une embuscade de l’armée française tendue à Sidi Mezeghiche, dans la wilaya de Skikda.
Kamel B.
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