Décidément, un scandale en cache un autre à Annaba, de plus en plus submergée par les magouilles et les arnaques. Après la mise en lumière du trafic foncier urbain au centre-ville de Berrahal, c’est désormais la conservation foncière d’El-Hadjar qui est éclaboussée par un énorme scandale.
En effet, selon les premiers éléments de l’enquête ordonnée par la justice, une assiette foncière comportant initialement environ 120 lots à bâtir aurait été étendue dans l’opacité la plus totale pour inclure plus de 200 lots, soit un surplus d’environ 100 lots pour lesquels des livrets fonciers fictifs ont été établis. Outre des responsables de la conservation d’El-Hadjar, englobant également les communes d’El-Bouni et d’Aïn Berda, l’on signale également l’implication d’un réseau mafieux du quartier de Sidi Salem dans cette affaire suspecte. Les personnes ayant bénéficié de lots fictifs ont été arnaquées, dans la mesure où elles ne peuvent ni vendre ni construire ces terrains, puisqu’ils n’existent pas dans la matrice de la conservation foncière. Cette affaire a été dévoilée, rappelle-t-on, au lendemain d’une enquête approfondie exécutée par deux inspecteurs aguerris, dépêchés d’Alger par la tutelle. Ils ont scruté en profondeur la gestion de cet organisme au cours de la dernière décennie, pendant près d’une semaine. Leur mission aurait permis de découvrir, toujours selon la même source, un immense trafic foncier. Selon certaines sources, de lourds dossiers avaient été dénichés par les inspecteurs. Certains experts estiment que l’affaire des livrets fonciers fictifs n’est que l’arbre qui cache la forêt. Des bruits de couloir suggèrent qu’il s’agit d’une affaire d’Etat impliquant des cadres du cadastre, de l’agence foncière et des conservations, notamment celle d’El Bouni. Il se dit que cette conservation aurait failli à sa mission de protéger le secteur foncier, de garantir le respect des règles d’urbanisme et de préserver le cadre de vie des habitants. On parle de détournement du foncier, concernant certains documents cadastraux définitivement déposés avant l’année 2000, annulés en 2017 grâce au « PR14 », utilisé dans deux situations : les catastrophes naturelles et la délimitation entre deux wilayas, à l’image du lotissement El Bouni I. A travers l’utilisation de cette méthode dans l’opacité la plus totale, des centaines de lots auraient été détournés, y compris ceux appartenant au secteur privé, avec une renumérotation des parcelles imposée. Si l’on se réfère à la même source, plusieurs dizaines de lots auraient été confisqués à l’aide du PR14, des plaines de Kherraza jusqu’à la commune d’Aïn Berda, en passant par El Bouni et El-Hadjar. Après la divulgation des premiers éléments de l’enquête, nous apprenons de source proche du secteur que le directeur régional par intérim aurait instruit les notaires de suspendre la délivrance des actes de propriété dans cette partie de la wilaya. Ceci, en attendant les conclusions définitives des investigations ainsi que les décisions qui seront prises par le ministère de la tutelle à cet égard.
B. Salah-Eddine
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