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Ses prix sont en chute libre : La sardine bradée à Jijel

Au grand bonheur des amateurs de poissons, la mercuriale de la sardine a amorcé, au cours de ces derniers jours, une brusque et surprenante dégringolade. À Jijel, alors que le kilo de ce «blé des mers» narguait il n’y a pas si longtemps le consommateur, du haut de ses 800 DA, il est  actuellement cédé à seulement 150 DA, voire moins. «Les cours sont strictement conditionnés d’une part, par une offre de poissons en dents de scie, et d’autre part, par une demande de consommation qui évolue de manière tout aussi imprévisible. Une chose est sûre, quand les prix sont orientés à la baisse, comme c’est le cas présentement, nous sommes les premiers à nous en réjouir, car le produit s’écoule facilement», explique un marchand de poissons. «La fluctuation à la baisse des prix jusqu’à un niveau raisonnable, nous permet de réaliser de juteux dividendes, grâce à la progression des ventes, et le consommateur y trouve naturellement son compte en s’approvisionnant à moindre frais», enchaîne un autre marchand, debout derrière son étal à moitié vide. En effet, saisissant cette opportunité en or, le chaland ne se fait pas prier pour acquérir ce produit carné, en passe de voler la vedette à la viande blanche. «Acheter de la sardine à prix cassé c’est du pain béni pour les pères de famille au revenu modeste. On doit profiter au maximum, car quelque chose me dit que les prix ne tarderont pas à reprendre l’ascenseur», lance un homme d’un certain âge, une pointe de satisfaction dans la voix et le couffin chargé de provisions. Un facteur est avancé pour expliquer cette évolution des prix : la chaleur en ce mois d’août. «C’est connu, la sardine est prise le matin. La canicule, c’est l’ennemi des viandes, sachant que la chaîne de froid est quasi inexistante dans le circuit de commercialisation», soutient un professionnel de la filière des viandes. La sardine, qui avait pris des ailes pour devenir un poisson hors de prix, est cédée ces derniers jours à des prix qui font le bonheur des petites bourses, particulièrement dans un contexte où les prix des viandes rouges et blanches ont atteint des records. C’est à la pêcherie de la ville de Jijel qu’hier, dimanche 27 août matin, nous avons constaté que la sardine était vendue à un prix moyen de 150 dinars le kilo. Durant ces derniers jours du mois d’août, avec ses grandes chaleurs, une dizaine de revendeurs, installés à la pêcherie du centre-ville de Jijel, passage obligé des véhicules et des piétons, proposaient de la sardine à un prix unifié, que d’aucuns ont compris qu’il a été décidé à l’unanimité par ces marchands. Une baisse avoisinant les 50%, alors que les prix proposés pour l’acquisition de quelques pièces de ce poisson bleu étaient d’une moyenne de 900 dinars, le mois de juillet passé. Un marchand questionné nous dira que c’est tout à fait logique que la baisse ait lieu à cette période de l’année. Ce même marchand a également noté que la production a considérablement augmenté après la mi-juin, début de la pleine saison de la sardine. Une aubaine pour les petites bourses et pour ceux qui n’ont pas mangé de poisson depuis longtemps. D’autre part, un des vendeurs a expliqué à l’Est Républicain que cette baisse significative est due également au phénomène du surplus. C’est-à-dire que lorsque les casiers sont pleins, le surplus de poisson, la sardine en l’occurrence, se trouve dans un état imparfait. Cela fait que la marchandise soit cédée à un prix dérisoire, a-t-il précisé. « La marchandise inonde le marché. Il m’arrive, parfois, de céder la sardine qui me reste en fin de matinée », témoigne un ancien vendeur de poisson au marché de Jijel. Il explique que la sardine, un poisson migrateur et grégaire, passe l’automne et l’hiver dans les grands fonds de nos mers, qu’elle quitte pour se rapprocher des côtes pour la reproduction pendant les mois chauds. « Cette année, elle a choisi nos côtes », se réjouit un ancien navigateur, père de famille, qui exprime pleinement sa satisfaction et espère que la baisse des prix touchera aussi le poulet, proposé actuellement à 450 DA, ainsi que ceux des fruits, qui sont intouchables. 

M. Bouchama

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