Le marché de l’automobile n’arrive pas à retrouver son équilibre. Il est toujours marqué par une très forte demande, alors que l’offre en véhicules neufs et d’occasion est loin de répondre aux besoins exprimés par les potentiels acquéreurs. Cette situation, qui a permis aux spéculateurs d’investir en force le créneau, a eu pour effet immédiat d’installer une grande confusion, une envolée des prix et l’émergence du phénomène de la revente en ce qui concerne les véhicules neufs importés par Fiat. Depuis le retour à l’importation des véhicules neufs, seul le constructeur italien a entamé ses activités en lançant la commercialisation des ses modèles en mars dernier. Mais face à l’absence des deux autres concessionnaires, Emin Auto pour la marque chinoise JAC et HIC pour la marque allemande OPEL, pourtant agréés par le ministère de l’Industrie, dont le cas est entouré d’un flou total, l’entreprise turinoise s’est retrouvée dans l’incapacité d’assurer à elle seule l’approvisionnement d’un marché dont les besoins ont été estimés à plus d’un (1) million de voitures. Pire, une grande partie des véhicules commercialisés par ses soins a été détournée du circuit légal pour être revendue à des prix dépassant tout entendement. Les marges bénéficiaires empochées par les revendeurs ont atteint des niveaux inimaginables ! En attendant l’entrée en production de l’usine Fiat d’Oran, et peut-être l’attribution d’agréments à de nouvelles marques, le marché local, que ce soit pour les véhicules neufs ou usagés, peine à se libérer des tentacules affairistes. Visiblement exaspérés par une situation anormale, qui tend à prendre de l’ampleur, les pouvoirs publics ont décidé de réagir de la manière forte afin de mettre un terme à un busines qui a déjà rapporté des milliards à ces réseaux de revendeurs, dont la mainmise sur les véhicules neufs importés par Fiat est devenue envahissante. Dans ce contexte, le ministère de la Justice a été appelé à intervenir dans le but d’assainir un environnement dominé par des comportements hors normes. Il a instruit les notaires de ne plus s‘associer aux transactions de vente des voitures neuves. Signée par le président de la Chambre nationale des notaires, et envoyée aux antennes régionales de cette structure, l’instruction, qualifiée de mesure « conjoncturelle, conservatoire et provisoire », vise à priver les revendeurs des atouts juridiques offerts par le « contrat notarié ». La mesure était dans l’air depuis que le directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de la Justice avait évoqué pour la première fois, « l’enrichissement sans effort des revendeurs des véhicules Fiat, en annonçant la mise en place de « mesures répressives pour mettre fin à ce phénomène ». Désormais, les notaires sont tenus à ne plus valider les transactions de vente des véhicules neufs. « La mesure concerne bien évidemment les notaires, mais aussi les revendeurs et les potentiels acheteurs ; ces derniers devront réfléchir avant de penser à acquérir une voiture neuve par ce procédé, étant donné que la garantie juridique que les revendeurs proposaient n’est plus possible », a estimé Mustapha Zebdi, président de l’association de protection des consommateurs (APOCE). Celui-ci a d’ailleurs considéré qu’il s’agit d’une « bonne mesure » pouvant « contribuer à faire baisser la tension sur le marché ». De son côté, Fiat Algérie a procédé au lancement d’une nouvelle plateforme numérique, qui permettra de « recueillir les demandes des clients algériens et ainsi de s’adapter à leurs besoins futurs, en termes de modèles, de versions ou encore de coloris, et d’importer un stock de voitures en adéquation avec les attentes du marché ».
Mohamed Mebarki
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