Les députés et membres du Conseil de la nation ont fait hier, lundi 4 septembre, leur rentrée, à la faveur de l’ouverture de la session parlementaire 2023-2024 qui s’est déroulée en deux temps, d’abord au siège de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), puis dans celui du Sénat, comme le veut l’usage. L’événement, qui donne le ton pour la rentrée politique, constitue une fenêtre d’opportunité pour les présidents des deux chambres parlementaires, de délivrer dans leurs discours d’ouverture des messages politiques, qui sont autant d’indicateurs de la température politique du moment dans les sphères du pouvoir. Ainsi Brahim Boughali, en évoquant le « contexte politique interne et externe particuliers », dans lequel intervient cette rentrée parlementaire, s’est appesanti sur la toute récente initiative du président de la République, concernant la crise politique au Niger. « Elle est conforme à la doctrine de l’Algérie qui est bâtie sur le dialogue et la recherche constantes de conditions pour construire un consensus interne, en dehors de toute intervention étrangère », a-t-il déclaré dans une allusion à la France, qui entend faire de la CEDEAO un cheval de Troie, pour rétablir le président déchu par la junte militaire, qui a pris le pouvoir le 2 juillet passé. Dans les propos de Boughali, il est aussi question du « Front intérieur ».Il salue toutes les bonnes volontés qui voudraient y souscrire, pour le « consolider » et « renforcer la cohésion du peuple avec l’Armée qui veille à sa sécurité ». De ce même front interne, Salah Goudjil parle, mais avec plus de subtilité politique, en admettant que « l’Algérie a besoin d’un front interne fort pour s’opposer aux ennemis extérieur, hier cachés, mais aujourd’hui apparus sous leurs vrais visages ». Mais la constitution de ce front interne, précise-t-il « est une initiative qui doit revenir au président de la République et personne d’autre », ajoutant que les partis politiques doivent lui apporter leur soutien. Difficile de ne pas voir dans cette phrase une saillie du président du Conseil de la nation, en référence à la fameuse « Initiative nationale pour le renforcement de la cohésion et la sécurisation de son avenir » d’Abdelkader Bengrina. En organisant un tel raout au centre international de la presse, le 19 août passé, le chef islamiste s’est attiré les foudres de plusieurs acteurs de la classe politique, l’accusant de vouloir faire de cette conférence un tremplin au service de son ambition présidentielle. Fort de sa légitimité historique, (il était un proche de Mustafa Benboulaid, Ndlr) Salah Goudjil, n’a pas laissé passer la tentative d’ingérence de la Suisse, qui a exhumé, à travers sa justice, le dossier du général à la retraite, Khaled Nezzar. « Nous ne laisserons personne s’ingérer dans nos affaires internes, nous avons définitivement clos le dossier de la décennie noire, après le référendum sur la réconciliation nationale », cingle-t-il, en réponse aux islamistes qui cherchent à se cacher derrière la justice suisse, pour tenter de réécrire l’histoire et de prendre leur revanche après leur défaite politique et militaire. Mise au point on ne peut plus claire de Goudjil, qui a déjà eu à remettre à leur place les partisans de la « Badissia-Novembria » en leur rappelant que la révolution du 1èr novembre était et reste, ad vitam aeternam, le fait exclusif des « Enfants de la Toussaint », un des titres de la trilogie d’Yves courrière sur la révolution algérienne. On ne raconte pas d’histoires sur l’Histoire.
H.Khellifi
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