Même dans les circonstances actuelles, le Makhzen, incapable de se transcender, est rattrapé par sa nature mesquine, face au geste de l’Algérie, de dépêcher une aide humanitaire, dont les victimes ont fortement besoin. Comment, sinon, comprendre et expliquer cette honteuse volte-face des autorités marocaines, d’accepter dans un premier temps l’aide humanitaire algérienne, via le ministre de la Justice, pour faire moins de vingt-quatre heures après un rétropédalage scandaleux, qui en dit très long sur le processus de prise de décision au Maroc. Visiblement le roi Mohamed VI, rentré dimanche 10 septembre en catastrophe de Paris, où il passait ses vacances avec sa cour, dans le très chic quartier du Champ de Mars, au pied de la tour Eiffel, semble encore sous l’effet d’un farniente qui lui embue l’esprit et l’empêche de décider en toute lucidité et responsabilité. Avant-hier, les algériens avaient les yeux rivés sur leurs écrans de télévision, (toute l’après-midi et la soirée de lundi) qui annonçaient en bandeau et en « urgent » que « les autorités algériennes attendaient juste le feu vert de leurs homologues marocaines pour le décollage des trois gros porteurs dédiés au transport de l’aide ». Mais ça a été la douche écossaise hier, mardi 12 septembre, en fin de matinée : un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, tout à fait a rebrousse-poil du soulagement des Algériens de voir le Maroc accepter l’aide algérienne, nous apprend le contraire, que les autorités marocaines ont finalement renoncé à accepter la main tendue, arguant que le pays de Sa Majesté n’avait pas besoin d’une aide humanitaire, alors que les images des populations sinistrées et livrées à elles même, dans un décor de fin du monde, dit exactement le contraire. « La Direction générale du ministère des Affaires étrangères marocaine a informé mardi le consul général d’Algérie au Maroc, que le Maroc n’est pas en besoin des aides proposées par l’Algérie », souligne le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, rappelant que, sur la base des déclarations du ministre marocain de la Justice, « des dispositions ont été prises par le Gouvernement algérien pour envoyer trois avions gros porteurs pour acheminer des aides humanitaires qui répondent aux besoins en cas de catastrophe naturelle ». Composée de 93 agents spécialisés, l’équipe d’intervention et de sauvetage de la Protection civile algérienne s’est rendue lundi à la base militaire de Boufarik, mobilisés vainement sur place, toute l’après-midi et la nuit du lundi et attendant le feu vert du Maroc, pour le décollage des avions, dédiés à acheminer des aides qui auraient indiscutablement atténué la douleur des populations sinistrées. Néanmoins, l’annonce des autorités algériennes de proposer une aide humanitaire est largement saluée sur les réseaux sociaux, aussi bien par les algériens que par les marocains, qui ont mis en exergue « la générosité et la noblesse du geste de l’Algérie, malgré les difficultés conjoncturelles ». Même le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El Gheith avait positivement réagi dimanche, sur X (ex-twitter) à la décision de l’Algérie de proposer une aide humanitaire au Maroc, y voyant « un geste qui traduit l’authenticité arabe », tout en prophétisant « d’autres gestes à l’avenir ». En tout état de cause, l’Algérie est quitte de son devoir de solidarité à l’égard du peuple frère marocain, qui doit se tourner vers les l’establishment du Makhzen pour lui fournir des explications sur le refus de la généreuse main tendue de l’Algérie. S’il ne s’agit pas de parler de gains politiques, l’Algérie a néanmoins, au vu des circonstances, fait preuve de grandeur et de lucidité, ce qui lui apporte un surplus de panache, sur le plan interne et externe.
Par H. Khellifi
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