La question de la pénurie des anesthésiants dentaires refait surface. L’Ordre national des dentistes algériens monte une nouvelle fois au créneau, pour dénoncer une « situation chaotique », résultat de la « réduction » des importations. Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, la deuxième après celle envoyée en avril, cette corporation rappelle que le problème du manque de l’anesthésie dentaire en Algérie a été pris en charge par le ministère de l’Industrie et de la production pharmaceutique, mais les quantités importées n’étaient pas suffisantes. « La quantité importée était limitée et ne couvrait pas la demande de notre profession », a déploré le Conseil de cet ordre, dans sa seconde correspondance adressée à Abdelmadjid Tebboune. « Il y a des dentistes qui reçoivent une boite d’anesthésie, d’autres une plaque. Dans certaines régions, le produit n’y arrive pas », dénonce le représentant des médecins dentistes algériens, qui lance un « appel urgent » au président de la République afin qu’il intervienne personnellement ! Le même responsable évoque également le problème engendré par une distribution aléatoire, qui « n’obéit à aucun contrôle ». La situation est devenue « insoutenable » selon le docteur Mohamed Rédha Dib, qui n’a nullement besoin d’expliquer l’importance de l’anesthésie dentaire dans le travail des dentistes et la santé publique en Algérie. Selon lui, « la raison de cette crise est la réduction de l’importation pour aller à la fabrication, en reprenant les arguments du ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique, et ce à travers trois usines à Batna, Tipasa et Oran. « Malheureusement, ces usines n’existent pas », soutient-il, en soulignant que les soins dentaires font partie des urgences médicales. Il est à rappeler que vers la fin du mois d’août, Ali Aoun était intervenu publiquement pour démentir l’existence d’une pénurie d’anesthésie en Algérie. Le ministre, en déplacement à Bouira, s’était emparé du sujet pour mettre à l’index certains lobbies, qui veulent imposer des produits fabriqués en France, dont le prix est trois fois supérieur à celui des produits fabriqué localement. « Je dis non et je n’abdique pas », avait-il soutenu rappelant la disponibilité des anesthésiants dentaires au niveau des hôpitaux et les cliniques privées. Bien avant cette sortie, Ali Aoun avait réagi à l’alerte du Conseil national de l’ordre des médecins dentistes, en rassurant la corporation que son département s’est engagé à « prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à une crise montée de toutes pièces». Il avait alors annoncé un programme d’importation d’urgence, de 250.000 boîtes, qui fait toujours l’objet d’une certaine tension, chez les dentistes libéraux. Dans un communiqué rendu public début juin, le ministère de l’Industrie et de la production pharmaceutique avait souligné que le marché a été approvisionné à hauteur de 10.000 boîtes, contenant chacune 50 doses, soit un nombre global de 500.000 doses distribuées au cours du mois de mai 2023. Par ailleurs, environ 10.000 boîtes contenants chacune 50 doses, ont été mises sur le marché durant le mois de juin par l’Agence nationale du médicament. Cette situation, dénoncée par l’Ordre national des dentistes algériens, est-elle le résultat d’un bras de fer qui n’en finit pas, entre le ministère de l’Industrie et de la production pharmaceutique et le lobby de l’importation, qui veut absolument mettre la pression sur le gouvernement, en créant une sorte de malaise au sein de la corporation des chirurgiens-dentistes notammentprivés ? Pour y mettre fin, Ali Aoun est appelé à tout mettre en œuvre pour en finir avec des spéculations qui impactentnégativement l’approvisionnement du marché national en produits pharmaceutiques.
Mohamed M
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