La pénurie des médicaments indispensables pour les malades chroniques refait surface. Une situation qui fait réagir certains députés, qui ont décidé d’alerter le Premier ministre. Dans une lettre signée par 51 parlementaires, il est clairement fait état d’une « grave pénurie » qui touche à la fois des produits nécessaires pour les cardiopathies, la chirurgie dentaire et l’ophtalmologie. Alors que le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, ne cesse de réfuter la rareté de ces médicaments, les pharmaciens et les professionnels de la santé, eux, affirment le contraire. Conduits par le député de l’émigration, Abdelouahab Yagoubi, les signataires de cette lettre déplorent la « régression regrettable » de la prise en charge sanitaire des citoyens, notamment les catégories à faible ou moyen revenu. Ils parlent d’une « grande perturbation » dans l’approvisionnement des pharmacies et des établissements sanitaires en médicaments pour malades chroniques en Algérie. Dans leur document, les députés en question citent une série de médicaments, dont le Flucotrac 50 (pour l’hyperplasie congénitale des glandes surrénales), le Glucagon (diabète), le Sintrom, Lasilix 500 milligrammes ainsi que son générique Fursan 500 milligrammes (maladies cardiaques), le Nivolumab (oncologie), la Phyntanyle (anesthésiant), sans oublier les anesthésiants dentaires. Les signataires pointent du doigt la « réduction drastique des importations, décidée sans étude préalable de ses répercussions sur le pays et les citoyens ». Cette décision, ajoutent-ils, a engendré cette « situation désastreuse » sur laquelle « il n’est plus possible de se taire » puisque, selon eux, il s’agit d’une « mise en danger » de la santé des citoyens. Poursuivant, les auteurs font état d’une « pénurie grave » et du « mécontentement grandissant » des malades et de leurs familles, qui « se sentent abandonnés ». Devant cette situation, les députés se disent dans l’obligation de « tirer la sonnette d’alarme ». « Quelles sont les mesures d’urgence que le gouvernement envisage de prendre afin de garantir la disponibilité des médicaments pour préserver la santé des Algériens ? », demandent les signataires. Cette lettre des députés constitue la énième alerte sur la situation qui prévaut dans ce domaine depuis des mois. Par ailleurs, dans une lettre adressée la semaine passée au président de la République, le président de l’Ordre national des dentistes algériens, Mohamed Réda Dib, a décrit une « situation chaotique » induite par les faibles quantités importées d’anesthésiants dentaires, qui ne suffisent pas à couvrir la demande. Selon certains pharmaciens interrogés à Alger, la pénurie concerne aussi des produits ophtalmiques, qui ne sont plus disponibles depuis des mois. Au mois de juillet dernier, le Syndicat National des Praticiens de la Santé Publique (SNPSP) avait saisi le premier magistrat du pays, pour lui faire part des préoccupations des différents corps de la santé publique quant à ces pénuries. Tous imputent les pénuries aux restrictions sur les importations. Le SNPSP avait également fait état, dans une lettre au chef de l’État, de pénuries et de ruptures de stock, de plusieurs médicaments et matériels médicaux, comme les antibiotiques, les anesthésiants dentaires, les abaisse-langues et les traitements pour maladies chroniques.
Samir Rabah
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