La gouvernance d’une entreprise requiert un management, un environnement et un cadre juridique favorables. C’est sur ce thème que la Confédération Générale des Finances (CGF) a organisé, hier dimanche 17 septembre à Alger, un colloque, en présence de juristes, de chefs d’entreprises et même d’ambassadeurs. L’un des thèmes les plus brûlants du moment est sans doute la gestion des entreprises publiques. Hamid Hamidi, avocat d’affaires, a tracé un tableau de la situation des entreprises publiques en Algérie. Il a notamment mis l’accent sur la différence entre l’État régulateur, l’État propriétaire et l’État actionnaire. Pour lui, « il y a une confusion juridique entre les capitaux des entreprises publiques, que détient l’État, et la propriété de ces entreprises, qui appartiennent à la collectivité nationale, l’État n’étant que le représentant de cette communauté », a nuancé le juriste, qui a expliqué que les responsables en charge de la gestion de ces portefeuilles « entretiennent, sciemment, cette confusion ». Il a ensuite mis le doigt sur l’absence d’un « lexique juridique clair sur ces questions ». Pour l’homme de loi, les dirigeants des entreprises publiques algériennes « n’assument pas » souvent leur responsabilité. « Ils se cachent derrière l’immixtion de la politique dans leurs fonctions », a-t-il relevé, tout en les invitant à « s’affranchir de ces contraintes » pour une meilleure gestion de ces sociétés. En revanche, il existe dans notre pays des exemples de réussite de joint-ventures, entre une entreprise publique et privée. C’est le cas de l’alliance entre le groupe français Axa et la société algérienne d’assurances (SAA). Les deux entreprises, leaders chacune dans son domaine et dans son pays, ont créé, il y a plus de treize ans, une société, InterPartner assistance, dédiée à l’assistance automobile à domicile et même aux entreprises. Son directeur général, Lamine Benaïssa, estime que la création de cette société était « un défi » pour une filière qui n’existait pas encore dans le pays. « Axa aurait pu prendre 100% de l’entreprise parce qu’à l’époque de sa création, la loi sur les 49/51% n’existait pas encore. Mais elle a préféré une coopération d’égal à égal et aujourd’hui, InterPartner assistance est l’une des meilleures filiales de Axa dans le monde », se félicite le dirigeant, qui a néanmoins admis que créer une entreprise « demande de la persévérance parce que ce n’est pas simple ». Pour prendre l’exemple sur des pays où la création d’entreprises est devenue un exercice facile, la CGF a invité l’ambassadeur du Vietnam en Algérie. Tran Quoc Khanh, a fait un long exposé sur la stratégie de son pays, qui a fait le choix d’une « économie de marché à vocation socialiste ». « Le parti communiste, qui dirige le pays, trace les grandes lignes et la stratégie économique, mais ne se mêle pas de la gestion des entreprises », a-t-il indiqué. Il a assuré que la création d’entreprises dans son pays peut se faire « en trois jours » en ligne, sans se déplacer. Puis, des changements législatifs permettent aux sociétés de « changer de vocation » à leur guise, à travers la création d’un mécanisme qui rend flexible la gestion des entreprises. « En ce moment, les autorités encouragent les sociétés étrangères qui investissent dans le pays à s’orienter vers les filières de haute technologie », a-t-il assuré. Résultat, le Vietnam a réalisé plus de 330 milliards d’exportations en 2022 et dégagé un excédent commercial de plus de douze milliards de dollars. Durant la même année, le montant des investissements directs étrangers était de 22 milliards de dollars. Des objectifs qui vont faire du Vietnam un pays développé « à l’horizon 2035 », a assuré le diplomate. Un exemple à suivre.
Akli Ouali
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