La rentrée scolaire de cette année coïncide avec un événement historique d’une grande importance : la proclamation, le 19 septembre 1958 au Caire et simultanément à Tunis et à Rabat, du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). Il y a donc 65 ans, en pleine Guerre de libération nationale, les dirigeants de la lutte armée ont formé l’organe qui allait permettre aux maquisards de l’Armée de Libération Nationale (ALN) de faire entendre leur voix sur le plan internationale et de mettre l’occupant français devant le fait accompli, après que les autorités coloniales aient prétendu ne pas avoir d’interlocuteur. La naissance du GPRA venait parachever la mise en place des institutions de la révolution, deux années après la tenue du congrès de la Soummam, forçant la France à aller vers les négociations. De 1958 à 1962, il y a eu trois formations du GPRA. Les deux premières ont été présidées par Ferhat Abbas, tandis que la troisième a été dirigée par Benyoucef Benkhedda. Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider, Krim Belkacem, Hocine Aït Ahmed, Rabah Bitat, M’hamed Yazid, Lakhdar Bentobal, Ahmed Francis, Ahmed Benbella, Saâd Dahlab et Abdelhafid Boussouf ont tous fait partie de ce gouvernement, qui en dépit de son statut provisoire, a pu jouer un rôle déterminant dans l’internationalisation de la question algérienne. Il est à rappeler que dès sa création, le GPRA a été reconnu par la Tunisie, le Maroc, le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen, la Libye, le Soudan, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et l’Egypte. En plus des États arabes, le GPRA a été reconnu par la Chine, l’Indonésie, le Ghana et la Guinée, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et l’Allemagne de l’Est (ex-RDA). Les thèses françaises prétendant que l’Algérie est un territoire français et que les Algériens qui avaient pris les armes pour libérer leur pays étaient des « rebelles qui tombent sous le coup de la loi pénale » n’ont pas résisté face à la nouvelle réalité, où le GPRA est devenu de fait le dépositaire et le garant des intérêts du peuple algérien. Convié, par ailleurs, à commenter le rôle du GPRA dans la conduite du processus des discussions ayant abouti aux accords d’Évian, un historien algérien, Fouad Soufi, a indiqué à l’APS, il y a deux ans, « bien avant le 19 septembre 1958, pas moins de 35 États membres de l’ONU avaient voté une résolution proclamant le droit du peuple algérien à l’indépendance et recommandant des négociations ». Il est regrettable de constater que la date du 19 septembre 1958 ne soit pas suffisamment médiatisée, afin que les jeunes générations puissent saisir le rôle majeur qu’ont joué des militantes et des militants convaincus de la justesse de leur cause. La proclamation du GPRA a constitué un coup fatal, porté à la politique coloniale et à son argumentaire, considérant l’Algérie comme un territoire faisant partie de la souveraineté française. L’intense activité menée par ses représentants à travers les différents forums auxquels ils ont participé, a permis à la question algérienne de toucher même les opinions publiques occidentales. Au même titre que le 1er novembre 1954, le 20 août 1955, le 20 août 1956, le 11 décembre 1960, le 17 octobre 1961, ou le 19 mars 1962, le 19 septembre 1958 est à inscrire en lettres d’or dans le registre des luttes et des victoires du peuple algérien.
Mohamed M
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