Depuis des semaines, la direction du Théâtre Régional ChebbahMekki de Biskra (TRB) fait face à une volée de critiques véhémentes et de dénigrements acerbes émanant d’un groupe d’artistes de la ville, en grande partie des comédiens, des décorateurs, des auteurs et des sonoristes locaux plus ou moins connus. Ils reprochent à cette structure culturelle de ne pas jouer pleinement son rôle pour permettre d’entrevoir une vraie renaissance du quatrième art, de ne pas former des techniciens dans les différents métiers artistiques et de ne pas promouvoir les jeunes talents en expression théâtrale de la région, a-t-on relevé.
A travers des pétitions, des lettres de dénonciation, des conciliabules et des commentaires sur les réseaux sociaux, ces artistes se disent indignés par ce qu’ils considèrent être « un cas de mauvaise gestion menant à des productions théâtrales insipides montées à la va-vite avec le recours à des metteurs en scène et des techniciens parachutés qui sont loin de répondre aux exigences professionnelles ». Ils crient à la marginalisation et à une forme d’exclusion planifiée des potentialités locales. En porte-voix des contestataires, Tahar Safir, animateur, comédien, parolier et chanteur ayant à son actif une pléiade de rôles humoristiques ou dramatiques joués à travers le territoire national, explique les causes l’ayant poussé à s’insurger contre la direction du TRB. « Notre démarche de refuser le mode de fonctionnement actuel du TRB est motivée par le désir et l’ambition d’en faire un véritable phare culturel et un centre de productions théâtrales qui soit à la hauteur des attentes des artistes et du public. Malheureusement, il semble que les œuvres sont distribuées et monnayées pour le bien d’une caste d’artistes désignés et de dramaturges et de scénographes arrivant de nulle part et qui bâclent une piècethéâtrale très vite mise aux oubliettes et aux archives, empochent leurs faramineux cachets et prennent la poudre d’escampette sans se retourner. Je n’agis pas pour mon compte personnel mais pour alerter le ministère de la Culture sur les disfonctionnements et les dépassements administratifs constatés au TRB. Ce n’est pas de cette manière que le théâtre retrouvera ses lettres de noblesse à Biskra », a-t-il estimé. En réponseà ces attaques qu’il appelle de « la médisance gratuite et des remontrances infondées », Ahmed Khossa, directeur du TRB, rappelle que ce jeune établissement né aux forceps il y a juste quelques mois accumule une ardoise d’un milliard (dix millions de dinars, ndlr), qu’il subit les affres d’un atroce tarissement budgétaire et que les bénéfices glanés grâce au système de billetterie n’est pas encore rentable. Il a insisté sur le fait que le TRB est une Epic (Etablissement public à caractère industriel et commercial, ndlr) à la recherche d’un équilibre financier et pas un centre d’aide social pour des artistes sur le retour. Il a ajouté que le budget provenant du fond national de soutien à la création est insuffisant pour couvrir la masse salariale, permettre une bonne maintenance et la sécurité des lieux et aider des formations artistiques à monter des œuvres théâtrales. « Malgré les difficultés et les obstacles, le TRB a fonctionné à plein temps, sauf au mois d’août. Le plus étonnant dans cette affaire est que ce sont ceux-là même qui ont le plus profité du TRB qui le noient désormais sous une marée d’injures et le vouent aux gémonies. Ce théâtre est régional et aucun artiste ne peut se prévaloir d’en avoir le monopole. En quelques mois d’existence, il a permis à des artistes, des associations, des coopératives et des formations nationales d’y évoluer et de présenter leurs œuvres avec des cachets et de bonnes rétributions. Samedi dernier (le 16 septembre, ndlr), nous avons organisé un casting pour distribuer une nouvelle piècethéâtrale et sur les 35 candidats à un rôle qui y ont participé, quinze comédiens de Biskra, Ouargla, Tamanrasset et d’ailleurs ont été choisis par le metteur en scène. Ceux qui dénigrent le TRB n’ont pas daigné participer à ce casting par un orgueil inapproprié. J’espère que nos détracteurs feront preuve de sagesse et de maturité et que nous pourrons dialoguer autour d’une tasse de thé comme des gens de bonne famille », a conclu notre interlocuteur.
HafedhMoussaoui
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