Après une brève prise en main par les services d’ordre, le centre-ville de Souk-Ahras a été de nouveau pris en otage par les camelots et les vendeurs à la sauvette qui en ont transformé les principales artères en un immense souk. Cet envahissement que rien ne semble pouvoir endiguer a causé un grand malaise au sein de la population locale et particulièrement chez les riverains de la place de l’indépendance et des rues Ben Badis, Émir Abdelkader et Mouloud Feraoun. Ils disent subir non seulement le tapage quasi permanent provoqué jusqu’au pas de leur porte par ces centaines de marchands occasionnels, mais aussi les amas de détritus que ceux-ci abandonnent à même le sol une fois leur journée terminée. Des citoyens outrés par la passivité des pouvoirs publics devant cette situation jamais vécue dans cette agglomération, jadis paisible, ont entrepris de se constituer en association pour la sauvegarde du cadre de vie de leur cité. Leurs délégués ont pris l’initiative d’alerter l’opinion publique sur le danger latent que représente le commerce anarchique pour toute la communauté, en s’adressant en premier lieu aux médias. Ils se disent également prêts à observer un sit-in de protestation devant le siège de l’Assemblée Populaire Communale (APC) et de la wilaya, qu’ils accusent de « populisme et de laxisme coupable », s’il le fallait. Le porte-parole de ces citoyens assure qu’une pétition signée par la plupart des commerçants patentés est sur le point d’être transmise au wali de Souk-Ahras pour lui demander d’intervenir personnellement et mettre fin à leur calvaire. « Basta ! Il y en a marre de ces gestionnaires et de ces élus qui vont finir par transformer la ville de Saint Augustin et de Sidi Messaoud en douar ! », s’indigne ce quinquagénaire, qui affirme avoir été agressé physiquement par une bande de camelots ayant squatté le couloir de l’immeuble où il habite pour en faire un dépôt de marchandises. Ces jeunes n’avaient pas apprécié que je leur demande de se trouver un autre endroit pour leur activité et on en était presque venu aux mains », rapporte-t-il. « Non contents d’avoir investi les trottoirs et même la chaussée, ces marchands illicites sont sur le point de s’introduire jusque chez nous. Si rien ne vient mettre fin à cette anarchie, il y aura des affrontements entre les paisibles pères de familles que nous sommes et ces jeunes venus d’on ne sait où ! », prévient cet autre habitant, tout aussi courroucé. Les rues du centre-ville que le commerce informel a transformé en décharge publique à ciel ouvert causent, par ailleurs, bien des tracas aux agents communaux chargés du nettoyage de la voirie. Les équipes chargées du ramassage des ordures sont obligées de doubler, voire de tripler, leurs navettes sans pour autant faire face efficacement à cette situation, nous déclare un agent communal. Et d’indiquer que ce sont des tonnes de déchets laissés chaque soir après vingt heures par les marchands ambulants de vêtements, de chaussures et de fruits et légumes sur les trottoirs et à même la chaussée. « Ces marchés sauvages se sont développés à la faveur d’al-Mawlid al-Nabawi et ont pris une telle ampleur que personne à l’heure actuelle ne peut affirmer qu’ils disparaîtront du jour au lendemain. Il y a certes une réglementation qui régit ce type d’activité, mais qui pense à la faire appliquer par les temps qui courent, avec le taux du chômage sans cesse grandissant ? », confiera ce membre de l’APC de Souk-Ahras, qui ne partage de toute évidence pas l’avis de ses pairs sur la question du marché informel et du cadre de vie des cités.
- Allia
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