« J’ai fait part au président Tebboune de l’état d’esprit qui anime la France dans sa relation avec l’Algérie », a déclaré Stéphane Romalet, après avoir remis ses lettres de créances au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mettant en exergue la nature de cette relation, qu’il a qualifiée d’une « exceptionnelle densité ». Le nouvel ambassadeur de France en Algérie, a plaidé hier, vendredi 29 septembre, pour un « dialogue confiant » entre les deux pays, englobant tous les grands défis qui affectent l’environnement dans lequel ils évoluent. Le successeur de François Gouyette a indiqué que « la France et l’Algérie sont ensemble et ceci parce que la géographie et l’Histoire le commandent et que l’avenir nous impose aussi de travailler entre Français et Algériens ». Soulignant « la densité des relations humaines et l’interdépendance des sociétés des deux pays », il a rappelé que « tant de choses relient les deux pays », recommandant « la nécessité de créer cette relation de proximité entre nos deux pays, bâtir un agenda commun, et profiter de la présence de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU pour intensifier notre dialogue sur les grandes questions politiques ». Le 23ème ambassadeur de France en Algérie, en plus de 60 ans, a affirmé avoir remis « un message personnel du président Emmanuel Macron au président Tebboune », notant par la même occasion qu’il entame sa mission en Algérie par « un agenda positif », se disant « très enthousiasmé » par sa mission dans un pays « si chaleureux, accueillant et proche de la France ». Quel sens donner à ses déclarations, qui interviennent après une longue période de froid ? marquée par l’épisode « hallucinant » de l’exfiltration de la dénommé Amira Bouraoui, selon un scénario digne des romans d’espionnage, qui a été suivie par la remise à une date ultérieure du voyage officiel en France, que comptait effectuer Abdelmadjid Tebboune. Cela signifie-t-il un redémarrage sur de nouvelles bases des relations entre les deux pays ? De nombreux analystes de la scène politique en Algérie et en France le pensent. Si l’ambassadeur de France a soigneusement évité de donner un aperçu du contenu de la lettre adressée au président algérien, c’est qu’il n’a pas été autorisé à divulguer un message très personnel de chef d’État à chef d’État. Il a cependant très certainement été mis dans la confidence, à propos d’une mission dans un pays où ne sont nommées que des personnalités bénéficiant d’une grande confiance au sein du sérail politico-financier français. Pour rappel, Stéphane Romalet a occupé les postes de conseiller diplomatique et de chargé de mission au ministère de la Défense, au ministère du Budget ainsi qu’au sein du cabinet du Premier ministre. Avant d’être nommé ambassadeur successivement en Australie et en Égypte. Le 17 mars dernier, c’est la grande mosquée de Paris qui avait annoncé son affectation en Algérie ! Il a entamé sa mission en tant qu’ambassadeur à Alger le 18 juillet passé. Dans ses déclarations d’hier, il n’a évoqué aucun sujet qui fâche, notamment la mesure prise par l’Algérie, concernant l’arrêt de l’enseignement de la langue française dans les établissements scolaires privés. Son intervention a toutefois laissé entrevoir un nouvel élan dans les relations algéro-françaises. Va-t-on donc mettre sur la table la visite d’État d’Abdelmadjid Tebboune en France, après une très longue période tourmentée sur le plan politique, même si sur le plan des échanges commerciaux, tout se passait le plus normalement du monde ?
Mohamed Mebarki
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