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Attaques terroristes, exode des populations et horizon politique bouché : La situation sécuritaire se dégrade au Mali

Plusieurs mois après le départ des troupes étrangères, le Mali plonge dans l’instabilité chronique, qui menace les fondements même de son État. Il y a trois jour, un groupe terroriste, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), lié à El Qaida a publié des photographies et des vidéos, montrant ses membres attaquer une caserne militaire malienne près de Tombouctou, et un kamikaze qui est mort durant l’assaut. Dans la caserne, il y aurait également eu des miliciens du groupe russe Wagner. Selon ces indications, le butin était énorme : des dizaines d’armes, parfois lourdes, et des munitions ont été récupérées et des soldats tués ou pris comme prisonniers. Les images ne montrent pas ces pertes humaines, mais le communiqué de l’organisation terroriste donne cette précision, jamais démentie par les autorités de Bamako. Dans la même zone, les combattants des différents groupes azawads, ces minorités berbères et arabes du Nord du Mali, annoncent régulièrement des attaques contre les troupes régulières de Bamako, qui tentent de s’implanter dans ce vaste territoire, jadis protégé par les armées françaises et les soldats de la mission des Nations Unies pour le Mali (Minusma). Jeudi 28 septembre au soir, les Forces Armées du Mali (Fama) déclaraient avoir subi à Dioura une « attaque terroriste complexe », qualifiée de « kamikaze ». L’armée malienne affirme avoir envoyé des renforts et détruit, au cours de sa riposte, une colonne de véhicules, des armes lourdes et des motos. Ce que les rebelles, qui font partie des signataires de l’Accord de paix et de Sécurité d’Alger ont démenti. Selon Moussa AG Acharatoumane, membre fondateur du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), les groupes djihadistes « occupent désormais une bonne partie  du Mali ». Mais contrairement à ce qui se dit sur la responsabilité de certains États, ces « groupes ont pris le temps de s’entrainer ». Pis, le responsable politique, dont le groupe fait partie des factions importantes de l’Azawad, les États de la région « ont une responsabilité » dans la prolifération et le renforcement de ces groupes armés. « Nous avons laissé faire », a-t-il indiqué à une télévision locale. Selon lui, la zone des trois frontières (entre le Niger, le Mali et le Burkina-Faso) est devenu un havre de paix pour les groupes terroristes. Ainsi, après Tombouctou, la ville de Ménaka est aussi sous blocus, « mais à la frontière entre le Mali, le Burkina et le Niger, c’est l’Etat Islamique qui profite du vide sécuritaire induit par les putschs militaires dans ces trois pays et du départ des contingents internationaux de lutte antiterroriste », note le journaliste français, Didier François sur sa page X (ex-twitter). Pour tenter de se défendre, l’armée malienne utilise, depuis quelques semaines, des avions acquis notamment chez la Russie. Mais sans grand succès. Pis, des groupes azawads ont récemment diffusé des images montrant l’écrasement d’un avion de chasse de l’armée malienne. Puis, le 23 septembre, des images devenues virales sur les réseaux sociaux, ont montré un avion de transport, Iliouchine Il-76 de l’armée de l’air malienne s’écraser en bout de piste à l’aéroport de Gao, au Mali. A son bord, du matériel militaire malien, renforçant les soupçons sur la présence de mercenaires du Groupe Wagner. Sur le plan politique, cette dégradation de la situation sécuritaire remet en cause le processus politique en cours dans le pays et risque d’enterrer définitivement les Accords d’Alger, qui ont pourtant maintenu un semblant de calme dans ce pays durant plusieurs années.

Akli Ouali

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