« La subvention par l’État de tous les produits de large consommation sera toujours garantie, quels que soient les prix sur les marchés internationaux. L’État frappera d’une main de fer quiconque oserait toucher aux vivres des Algériens », a encore réaffirmé Abdelmadjid Tebboune, lors du Conseil des ministres tenu avant-hier, dimanche 1er octobre. Ce n’est pas la première fois que le président de la République insiste de façon catégorique sur un sujet, qui a fait l’objet, durant des années, d’un débat contradictoire au sein des syndicats autonomes et les économistes de diverses tendances. Selon le communiqué, émis suite au Conseil des ministres, le président a mis l’accent sur « l’impératif de veiller à la stricte mise en œuvre du plan de l’État pour organiser l’importation et assurer la disponibilité des différents produits, en vue d’éviter toute mauvaise interprétation des décisions de l’État dans l’objectif de nourrir les rumeurs sur la pénurie, au moment où l’État est capable de garantir, avec aisance, la stabilité économique et sociale à la faveur de la loi sur la concurrence ». Il est à rappeler que lors d’un précédent Conseil des ministres, il avait déjà assuré que « l’État va poursuivre son soutien des prix », en donnant des instructions au ministre de l’Agriculture pour garantir le « suivi de la disponibilité des produits de large consommation sur le marché national ». Le chef de l’État avait notamment insisté, en y mettant beaucoup de fermeté, sur l’amorce de procédures coercitives et drastiques, pour assainir le secteur. A cette occasion, le président de la République avait souligné « la nécessité d’interdire toute opération d’importation des légumineuses en dehors de l’OAIC avec détermination précise des étapes de fixation du prix du produit ». Il avait également donné des instructions fermes, destinées à encourager l’investissement privé en matière de chambres froides, pour préserver l’équilibre du marché tout au long de l’année. Concernant la politique de subventions, il y a eu une tentative de révision, engagée il y a plus d’une année et demie, avec la programmation d’une réunion consacrée à l’élaboration d’un nouveau système ciblé et orienté exclusivement vers les couches populaires. La réunion avait été reportée à une date ultérieure! De nombreux experts en économie ont estimé que la révision du système de subventions généralisées est très compliquée, et que le pays n’est pas encore prêt pour passer aux compensations financières directes sans la disponibilité d’une base de données fiables et actualisées. L’installation de la commission nationale a de son côté été ajournée sine die et sans aucune explication officielle. Pourtant, des invitations ont été adressées aux organisations syndicales, professionnelles et politiques, afin de prendre part aux travaux qui étaient prévus au Palais des nations, sous la présidence du chef de l’État. Des personnalités politiques avaient évoqué l’importance capitale que revêt la révision des transferts sociaux, insistant sur la complexité d’une telle démarche, qui exige une attention très particulière pour ne pas mettre en péril le caractère social de l’État tel qu’il a été annoncé dans la proclamation de Novembre 1954. Selon des statistiques anciennes (fin 2019), les produits alimentaires subventionnés représentaient cinq milliards de dollars. « Ce serait une grave erreur de ne tenir compte que des listes des affiliés à la CNAS. Car de nombreux algériens non affiliés à la CNAS gagnent des fortunes au niveau du marché informel », avaient-ils indiqué. De leurs côtés, des économistes ont estimé qu’il est actuellement impossible de passer à un système de subventions ciblé sans la numérisation intégrale de certains services, liés au ministère du Travail, à la Fonction publique et au ministère de l’Intérieur.
Mohamed Mebarki
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