Le phénomène des « cours particuliers » n’ayant de « particulier » que le nom prend des proportions insoutenables à Sétif, où les affiches proposant de tels services portant de graves préjudices aux petites et moyennes bourses envahissent les différents quartiers. Sans le moindre scrupule, les « prestataires » de services d’un autre genre ne se gênent pas et trouvent le moyen de coller leurs affiches sur les murs de biens privés et publics, les façades des institutions et les poteaux électriques. Cette « publicité gratuité » rapportant gros à ces commerces qui poussent comme des champignons n’offusque personne. Ne faisant l’objet d’aucun contrôle, cette activité lucrative « exonérée » de la moindre charge et cotisation sociale, s’érige en une véritable école parallèle. Contraints à recourir aux « pseudos cours de soutien », des parents saignés par des dépenses supplémentaires de plus en plus difficiles à supporter montent au créneau et dénoncent le « diktat », pour ne pas dire le « chantage », de certains enseignants obligeant leurs élèves à venir à la maison ou au garage transformé en salles de cours, rien que pour mieux « assimiler » les programmes et booster, le cas échéant, les notes et les résultats de l’année scolaire. Ainsi, tous les moyens sont bons pour gonfler la solde et les revenus des enseignants adeptes des heures supplémentaires. « Nous ne sommes pas contre les cours particuliers ou de soutien, d’autant que l’avenir de nos enfants est la priorité des priorités. Nous sommes, en revanche, opposés à cette activité non contrôlée et non régulée. Si un élève n’arrive pas à se concentrer dans une classe de quarante élèves, comment roulez-vous qu’il puisse le faire dans un minuscule espace d’un garage où sont entassés plus de cinquante élèves ? Les plus touchés par ce phénomène, ce sont nos enfants des classes d’examen des trois paliers », empestent des parents qui se sont approchés de nos bureaux. « L’amélioration du niveau et des résultats ne sont pas assurés dans pareilles conditions. Les familles aux revenus limités ne pouvant assurer à leurs enfants de véritables cours individuels, dépassant en moyenne les 3.000 dinars par séance pour une seule matière, sont étranglées par ces charges qui n’en finissent plus. Tous les parents n’ont pas les moyens pour offrir à leur progéniture des cours à la carte. Avec un salaire minable, un papa de trois ou quatre enfants est dans l’incapacité d’offrir un tel luxe à sa progéniture », diront, non sans colère, nos interlocuteurs ayant gros sur le cœur. « Sentant le bon filon des veinards ne manquant pas de sources financières, ils ont investi un tel créneau rapportant gros puisque des garages sans la moindre commodité et des immeubles entiers sont dédiés à ce commerce. La contagion n’a pas épargné nos enfants du primaire, obligés de passer par la case des cours. Il ne faut pas avoir peur des mots, nous sommes otages et victimes de la pratique illégale de l’enseignement », fulminent des parents ne comprenant toujours pas le silence radio des responsables de l’éducation nationale. Ne mâchant pas leurs mots, certains vont plus loin : « Forts d’une impunité qui ne dit pas son nom, des personnes sans foi ni loi font de minuscules espaces dépourvus d’aération et de sanitaires des salles de cours. La santé et le bien-être des enfants des autres est le dernier souci de ces marchands. Le silence des responsables de l’éducation nationale n’arrange pas les choses. Au lieu de réglementer une activité aussi lucrative et de la réguler, il laisse faire, faisant comme si de rien n’était. On ne doit plus voiler le soleil par un tamis. Une telle activité engrange des milliards de dinars qui ne bénéficient pas au trésor public. Le moment est venu pour mettre un terme à ces pratiques qui nous ont ruinées. D’autant que la réussite en fin d’année scolaire n’est pas acquise d’avance ».
A. Bendahmane
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