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Production de tabac à Zeribet El Oued : Les cultivateurs veulent la réévaluation des prix

Des cultivateurs de tabac de Zeribet El Oued, immense daïra agricole connue pour sa production de henné, appellent à l’ouverture de négociations avec la direction de l’Agriculture afin de revoir les modalités de ventes de leurs productions et réévaluer les prix pratiqués par les offices étatiques auxquels ils cèdent ce produit sensible, a-t-on appris. Comme les producteurs de blé, ils sont effectivement astreints à livrer les feuilles de tabac à ces offices publics et seulement à ces offices. Cette mesure entérinée par les pouvoirs publics pour leur assurer d’écouler leurs productions à des prix conventionnés ne les sied plus « à cause des prix stagnants depuis des années alors que les coûts de production ont été multipliés par dix », a déclaré l’un d’entre eux au cours d’une rencontre avec la presse locale. L’autre fait qui suscite leur désarroi est celui de se sentir surveillés par les services de sécurité et suspectés de malhonnêteté, de trafic et de malversations car les cargaisons de plusieurs d’entre eux ont été saisies dernièrement et les chauffeurs des camions sujets de dossiers pénaux pour entorse à la loi. Il est vrai que les agents de la Sûreté nationale, les douaniers et les gendarmes enregistrent depuis des mois des saisies record de feuilles de tabac sur les routes de la wilaya de Biskra quand elles sont transférées sans documents ni autorisation légale des exploitations agricoles vers les clients des wilayas limitrophes. « Nous avons été encouragés à investir dans la culture du tabac mais on se retrouve dans de beaux draps. Il y a une dizaine d’années, la direction des Services agricoles de Biskra nous a conviés à des journées d’information et de vulgarisation des mesures et dispositions édictées par le ministère de tutelle pour organiser et développer cette filière. Nous avons répondu présents et la production de feuilles de tabac a été multipliée par cent. Malheureusement, on nous fait désormais passer pour des escrocs et cela est intolérable », se plaint notre interlocuteur qui est lui-même un gros producteur de feuilles de tabac. A noter que la production de feuilles de tabac est un créneau lucratif ne nécessitant pas de techniques culturales spécifiques, ni beaucoup d’eau d’irrigation, ni traitements phytosanitaires particuliers. Les graines sont plantées en février et mars et la récolte se déroule aux mois d’août et septembre. A Biskra, quelque 200 agriculteurs s’y adonnent officiellement sur une superficie estimée à environ 65 hectares localisée principalement à Zeribet El Oued et à El Faïdh. Un hectare de culture produit vingt quintaux de feuilles de tabac. Les unités étatiques de transformation de cette matière les rachètent à 500 dinars le kilo, tandis que sur le marché informel, les feuilles de tabac atteignent 1.000 à 1.600 dinars le kilo, pouvant être transformés en différents produits tabagiques tels que cigarettes, tabac pour les pipes ou tabac à chiquer. Mécontentée non seulement par les prix proposés par les unités étatiques mais aussi par les fortes charges fiscales auxquelles ils sont soumis, la majorité des producteurs « préfèrent ostensiblement le circuit informel leur offrant des gains plus intéressants », reconnaissent-ils.

H. Moussaoui

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