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L’entreprise publique va de mal en pis : ENIEM au bord de l’asphyxie financière

Rien ne va plus à l’Entreprise Nationale des Industries de l’Électroménager (ENIEM). Jadis fleuron de l’industrie de l’électroménager en Algérie, cette entreprise nationale est aujourd’hui dans une situation insoutenable sur le plan financier. Elle fait face à des problèmes structurels et managériaux, qui l’empêchent non seulement de reprendre sa place de leader, mais menacent jusqu’à son existence, dans une conjoncture dominée par les opérations d’importation déguisées et la prolifération d’unités de montage dont le fonctionnement a fait l’objet de critiques. En décembre 2022, lors de l’inauguration de la foire de la production algérienne, le président de la République avait rappelé aux exposants que « l’ère du montage en Algérie est révolue » et qu’il était temps pour le pays de « devenir un pays industrialisé ». « Importer des composants des réfrigérateurs et les monter ici en Algérie ne relève pas de l’industrie. C’est de la spéculation », avait-il dit, touchant du doigt une des causes du marasme dans lequel se trouve l’ENIEM, victime d’une concurrence déloyale et sauvage. Les problèmes de trésorerie auxquels l’entreprise est confrontée depuis plusieurs années se sont aggravés, à tel point qu’elle peine à assurer régulièrement le salaire de ses travailleurs. Ces derniers ont déclenché, dimanche passé, un mouvement de grève pour réclamer le salaire du mois de septembre. Ce n’est pas la première fois que des actions de ce genre sont menées par les travailleurs pour le même motif. Au début du débrayage qui a paralysé l’ensemble du complexe de Tizi Ouzou, les travailleurs ont fait savoir que « les responsables de l’entreprise leur ont signifié qu’il n’y a plus d’argent pour honorer les salaires ». L’arrêt de la production dans tous les ateliers a fait réagir la section syndicale, qui a appelé à une réunion d’urgence avec la direction. Une réunion qui a eu lieu hier mardi, mais dont rien n’a filtré sur les décisions prises. De leur côté, les travailleurs ont laissé entendre qu’ils sont prêts à durcir le mouvement si leur revendication n’est pas satisfaite. Une sorte d’ultimatum, qui pourrait aboutir à une grève illimitée, un scénario qui compliquerait davantage une situation problématique, dans la mesure où ENIEM n’arrive plus à atteindre 15% de ses capacités de production. Sur une capacité totale de production de 220.000 appareils, elle a produit 35.000 appareils en 2022. Le 9 août dernier, Ali Aoun, ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique, qui s’était déplacé à Tizi Ouzou, a consacré une partie de sa visite au complexe ENIEM. Dans une déclaration à la presse, après avoir rencontré les responsables de l’entreprise et les représentants des travailleurs, Ali Aoun avait assuré que l’État n’abandonnera pas ENIEM. Par la même occasion, il a rappelé qu’il « n’y aura pas de privatisation ». Tout en reconnaissant que l’entreprise « se trouve dans un état catastrophique, il avait indiqué qu’il existe des alternatives pour la sauver », évoquant « la nécessité d’aller vers un partenariat, avec un opérateur étranger ou privé national ». Aoun avait par ailleurs mentionné que les partenaires potentiels existent. « Il faut ouvrir le capital, parce que les ressources au niveau de l’ENIEM sont limitées », a-t-il préconisé. « Il y a un programme, qu’on va peaufiner avec le P-D.G de l’entreprise et les représentants des travailleurs », a-t-il annoncé. A propos de la dette que traîne l’entreprise, le ministre a écarté toute possibilité de son effacement. « Pour effacer la dette d’une entreprise, il faudrait que celle-ci produise et enregistre des bénéfices », a-t-il souligné. Il est à rappeler qu’en 2021, une démarche de rééchelonnement de la dette de l’entreprise, qui avoisine les 4,4 milliards de dinars, auprès de la Banque Extérieur d’Algérie (BEA), a été lancée. Une période de détente de trois années a été accordée à ENIEM.

Mohamed Mebarki

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