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UGTA : L’heure des ruptures

Le 14 juillet passé, contre toute attente, Amar Takdjout est plébiscité nouveau Secrétaire Général (SG) à la tête de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA), succédant ainsi à Hamou Touahria, désigné le 5 mars, comme intérimaire pour remplacer Salim Labatcha qui avait démissionné pour « raisons de santé ». Longtemps à la tête de la puissante fédération nationale du textile, un des piliers de l’UGTA, et issu du Parti des Travailleurs (PT) en ayant enchaîné plusieurs mandat, Amar Takdjout veut en finir avec l’héritage « toxique » de Abdelmadjid Sidi Saïd, débarqué dans le sillage du Hirak après un règne monarchique de 23 ans. C’est en tous cas le principal message qu’il a souhaité délivrer, lors de la première session ordinaire de la Commission Exécutive Nationale (CEN), qui s’est tenue dernièrement au siège de la coopérative des matériaux de construction de Zéralda. A la fin de son discours devant les membres de la CEN, le nouveau patron a évoqué sa dernière audience avec le président de la République, qui l’a reçu il y a quelques jours. L’occasion pour lui de leur réserver la primeur du « ressenti » du chef de l’État par rapport à la centrale syndicale. « Le président Tebboune connaît bien l’UGTA, il est déçu par l’état de corruption qui ronge ses structures, il la voit comme un espace du business, moi je ne peux pas être le président d’un business », assena-t-il, face à un auditoire interloqué par une telle confession, qui n’est pas dans les usages oratoires de la centrale, où les « affaires » se discutent généralement en coulisses. Takdjout veut bien croire à sa mission à la tête de l’UGTA, mais « pour changer les habitudes » et non pour servir de cheval de Troie à un club d’affairistes, qui ont fait de la centrale un tremplin pour accéder à de plus hautes responsabilités ou obtenir des privilèges au détriment des travailleurs. « Je suis venu à ce poste pour que je vous rende régulièrement des comptes, il faut sortir des anciennes pratiques qui n’étaient pas du tout à l’honneur de l’UGTA, poursuit encore Takdjout dans son réquisitoire, le syndicat doit porter la voix des travailleurs, être à leur écoute. Celui qui partage avec  moi cette approche est le bienvenu, mais celui qui veut utiliser le syndicalisme pour des fins personnels, pas sous ma direction, encore moins sous ma bénédiction ». Parlant de la situation organique, empêtrée dans une profonde léthargie, l’orateur révèle que « pas moins de 38 unions de wilayas n’ont pas tenue leur congrès, malgré la fin de leur mandat, même constat pour 19 fédérations, les élus multipliaient les embrouilles et les manœuvres pour garder leurs postes, c’est ça qui a fait que l’UGTA a perdu toute légitimité verticale et horizontale ». Après le discours de vérité, les décisions : à commencer par la composante du nouveau Secrétariat national, constitué de nouvelles figures syndicales, non impliquées avec les précédentes directions. C’est une première rupture. Fini également le cumul des mandats, un des dossiers qui a toujours empoisonné le climat entre Sidi Saïd et les membres de son Secrétariat, lequel avait concédé le cumul pour rester à la tête de la centrale. Côté financement, le nouveau SG plaide pour l’autonomie. Comment ? En commençant par lister l’important patrimoine immobilier de l’UGTA, pour en faire un outil de financement « en toute équité », laissant entendre que l’État pourrait cesser d’être le tiroir-caisse de la centrale. Une volonté de rupture clairement affichée par Amar Takdjout, bien qu’il reste à savoir s’il aura les moyens d’aller au bout des choses. Car les caciques mis hors-jeu n’ont certainement pas dit leur dernier mot. C’est leur « business » qui est en jeu !   

H. Khellifi

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