Évoquant la quatrième édition du festival du film méditerranéen d’Annaba, initialement prévue du 3 au 9 novembre mais reportée en signe de solidarité avec le peuple palestinien, certains artistes tels que Hamid Gouri et Nabil Rahmani sont récemment sortis de leur mutisme pour interpeller les organisateurs de cet événement au sujet du changement du trophée appelé « Annab d’Or » ou « Jujubier d’Or » et de sa substitution par « La Gazelle d’Or ». « C’est un changement inapproprié », disent à l’unisson une pléiade d’artistes. Pour le comédien Nabil Rahmani, ceux qui ont opté pour le trophée symbolisant « La Gazelle » n’ont rien compris de l’histoire d’Hippone ou Hippo Regius, cette cité à dimension universelle, qui est la ville adoptive du penseur et théologien Saint Augustin. La Gazelle, par extension, est devenue un terme familier dans la bouche de tous les habitants de la ville d’Annaba. Pour certains, La Gazelle est le nom d’un quartier, tandis que pour d’autres, elle est simplement une statue symbolisant Diane chasseresse, qui a été transférée de la place Alexis Lambert vers le quartier de la Colonne en 1909. « Leghzala, c’est le quartier de la Colonne, ni plus ni moins. Par conséquent, elle ne peut pas symboliser l’histoire de toute la ville. De plus, elle a une connotation coloniale. Il n’est pas approprié de décerner un trophée symbolisant une partie d’un des quartiers de la ville des jujubes », a souligné Nabil Rahmani. « En réalité, Diane la chasseresse tient la corne d’un petit cerf ou d’une biche et non celle d’une gazelle », a précisé un enseignant d’université, en apportant de l’eau au moulin. Quant au réalisateur Hamid Gouri, qui a fait une déclaration au journal arabophone « Essarih », il a été catégorique en affirmant que le trophée choisi par les organisateurs de ce festival du film, symbolisant « La Gazelle d’Or », ne représente pas Annaba. « Il est impératif que les organisateurs procèdent avant le jour-J au remplacement de ‘La Gazelle d’Or’ par ‘Annab d’Or’, même s’ils maintiennent toujours le prix ‘Annab d’Or’ décerné lors des cérémonies en l’honneur des personnalités du monde artistique », ont souligné les deux artistes Bachir Slatnia et Nabil Rahmani. A noter que ce festival, qui revient après quatre années d’absence et qui se déroulera au théâtre régional Azzeddine Medjoubi, verra la participation de plusieurs pays étrangers avec une soixantaine de films sélectionnés pour la compétition. Contrairement aux Journées Cinématographiques Méditerranéennes d’Annaba (JCMA) des années 80, dont les films ont été projetés dans les salles de cinéma Ifriquia et Les Variétés, au théâtre régional, au palais de la culture et au Majestic,les organisateurs de l’AMFF auront du mal à projeter ce nombre impressionnant de films en compétition pendant une semaine, en raison de l’état avancé de délabrement des salles obscures, fermées au public.
Nejmedine Zéroug
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