« Compte tenu de la manière dont les opérations militaires ont été menées jusqu’à présent, dans le contexte d’une occupation vieille de 56 ans, je tire la sonnette d’alarme quant aux conséquences potentiellement catastrophiques des opérations terrestres à grande échelle à Ghaza et à la possibilité qu’elles fassent des milliers de morts civils en plus », a alerté dans un communiqué diffusé hier à Genève, l’autrichien Volker Türk, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. La veille, l’armée sioniste a intensifié les bombardements sur toute la bande, en prélude à une opération terrestre de grande envergure. Depuis vendredi soir, Ghaza est coupée du monde à la suite de la coupure des communications et Internet par l’occupant israélien. Les informations provenant de ce territoire occupé se font de plus en plus rares, faisant craindre l’intensification des massacres à huis-clos. Le fournisseur de services téléphoniques palestinien Paltel a déclaré dans un communiqué que les bombardements incessants avaient détruit « toutes les connexions restantes entre Ghaza et le monde extérieur », conduisant à l’interruption complète des services de communication. Ne tenant pas compte de la résolution « non contraignante » voté par 120 pays demandant « une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités », Tel Aviv poursuit son agression comme si de rien n’était, en impliquant son infanterie, ses blindés, son génie et son artillerie. Des villes entières sont réduites en ruines, alors que le bilan continue de s’alourdir. Plus de 7 300 Palestiniens sont morts, selon le ministère palestinien de la Santé, dont les chiffres ont été contestés par Israël et les Etats-Unis. En réaction, le ministère palestinien a « publié un rapport de 210 pages détaillant les noms, âge, sexe et numéros d’identification de chaque personne tuée dans l’enclave ». Que pèsent les voix des 120 pays, qui ont appelé à une « trêve humanitaire immédiate » ? Parmi ces pays, on retrouve la France, la Belgique, le Brésil, l’Espagne, l’Irlande, la Turquie, la Russie, la Slovénie, l’Afrique du Sud et l’ensemble des pays arabes moins la Tunisie et l’Irak, qui ont opté pour l’abstention. D’autres pays ont également opté pour l’abstention à l’instar de l’Italie, le Royaume uni, l’Albanie, la Bulgarie, le Japon, l’Estonie, Chypre, Canada, la Finlande, le Cameroun, l’Allemagne, la Serbie, la Suède, l’Ukraine, l’Ethiopie, le Grèce, l’Australie et la Zambie en plus des Pays-Bas, l’Islande, l’Inde ou l’Uruguay. Les pays qui ont voté contre la résolution sont Israël, les Etats-Unis, l’Autriche, la Croatie, la Tchéquie, la Hongrie, le Guatemala, le Paraguay, Fiji ainsi que 3 entités microscopiques. Le texte élaboré par la Jordanie au nom du groupe des 22 pays arabes était pourtant centré sur la situation humanitaire et la fourniture immédiate d’eau, de nourriture, de carburant et d’électricité. Le représentant de la Tunisie a justifié l’abstention de son pays par le fait que la résolution « a occulté la condamnation explicite et ferme des crimes de guerre et du génocide commis par les forces d’occupation israélienne ». Loin des débats, Israël continue de défier une communauté internationale, qui n’arrive pas à assumer ses responsabilités.
Mohamed Mebarki
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