Alors que des pays sud-américains comme la Bolivie, qui a décidé de rompre ses relations diplomatique avec Israël, ou le Chili et la Colombie, qui n’ont pas hésité à rappeler leurs ambassadeurs à Tel Aviv, en signe de protestation et de condamnation des atrocités commises par l’armée sioniste contre les Palestiniens à Ghaza, la Ligue arabe peine à se libérer d’une position attentiste pour le moins incompréhensible. Les milliers de morts dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants, et le déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens ne méritent-ils pas une implication plus agissante de cette organisation, qui montre aujourd’hui et de façon flagrante qu’elle est devenue l’otage consentante des pays normalisateurs ? Son secrétaire général, l’Egyptien Abou El Gheit, qui occupe ce poste depuis 2016 grâce à l’appui des Saoudiens, s’est contenté mardi de « condamner fermement » la frappe aérienne israélienne meurtrière sur le camp de réfugiés de Jabalia dans le nord de Ghaza. Au Caire, siège de la Ligue, on reste « courageusement » accroché au mode des communiqués. Une attitude dénoncée par les opinions arabes, qui n’arrivent pas à comprendre les raisons de cette inertie à la limite de la complicité. Sous domination saoudienne et ses satellites des Emirats arabes unis au Maroc en passant par l’Egypte, la Jordanie, cette ligue n’a même pas osé menacer remettre en question le processus de normalisation avec Israël. Mais où est passé le roi du Maroc dont on entend plus parler depuis un certain moment, qui n’a nullement hésité à hypothéquer l’indépendance de son pays et sa souveraineté ? Où sont passés Mohamed Bin Salman, le roi Abdallah, Al Sissi et les Emiratis ? Leur absence de la scène internationale au moment où les puissances occidentales et à leur tête les Etats-Unis, qui continuent de fournir armes, argent, soldats et appui diplomatique à Israël, devrait interpeller les consciences arabes. L’heure est grave et le moment est plus qu’indiqué pour que la Ligue arabe dépasse ses contradictions et transcende ne serait-ce que pour un instant ses clivages idéologiques. L’heure n’est plus une nouvelle frappe israélienne contre un camp aux divergences et aux dénonciations de Hamas et sa ligne inspirée de la politique des Frères musulmans. Il s’agit de non-assistance à un peuple menacé d’extermination. Au vu de ce qui se passe, on est tenté de dire qu’Israël n’a effectivement aucune considération envers les pays normalisateurs ou ceux qui sont tentés de suivre leur exemple. Hier encore, le camp de réfugiés de Jabalia a été de nouveau la cible de bombardements, alors que la communauté internationale, notamment les puissances occidentales persistent dans leur indifférence criminelle. Au fait, la Ligue arabe n’est vraiment pas loin de cette position. Le peu de crédibilité qui lui restait a été réduit à néant.
Mohamed Mebarki
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