Après plus d’un an et demi de rupture, l’Algérie s’apprête à normaliser ses relations avec l’Espagne. La nomination d’un nouvel ambassadeur d’Algérie à Madrid n’est qu’une question de temps. Depuis le mois d’avril 2022, l’Algérie ne dispose plus d’ambassadeur à Madrid. Said Moussi, qui occupait le poste depuis quelques mois, a été rappelé et nommé depuis lors à Paris. Même si les relations algéro-espagnoles n’ont pas été rompues, les deux pays n’entretiennent toutefois plus de relations normales pour autant. Pour rappel, dans une lettre adressée au roi du Maroc par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, ce dernier reconnaît que « la proposition du Maroc » sur le dossier du Sahara Occidental était « la meilleure voie », rompant ainsi avec la traditionnelle neutralité de l’Espagne, puissance occupante du territoire sahraoui qu’elle a quitté en 1975 et qui a ensuite été annexé par le Maroc. Pour Alger, l’attitude du président du gouvernement espagnol n’était pas acceptable. « L’attitude du gouvernement espagnol viole la légalité internationale qui lui est imposée par son statut de puissance administrante [du Sahara] et les efforts des Nations Unies (…) et contribue directement à la détérioration de la situation au Sahara occidental et dans la région », avait dénoncé le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué. Depuis, les relations entre les deux pays n’ont pas cessé de se dégrader. Notamment dans le volet économique, puisque les autorités algériennes ont restreint les importations en provenance de la presqu’île ibérique, poussant des entreprises de ce pays à se constituer en groupe, pour réclamer l’aide du gouvernement espagnol. On estime leurs pertes à plusieurs milliards de dollars. Sur le plan politique, les autorités espagnoles ont tout fait pour renouer les fils du dialogue avec l’Algérie. Le président du gouvernement, Pedro Sanchez, a fait plusieurs déclarations publiques pour afficher son « souhait » de revoir les relations entre son pays et l’Algérie revenir à la normale. Il a tenté d’envoyer des ministres et autres émissaires, en vain. Les autorités algériennes ont opposé une fin de non-recevoir à ces demandes, estimant que seul un changement dans la position espagnole pouvait être pris en considération. En septembre dernier, une lueur d’espoir est apparue à New York. Lors de son discours annuel devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, Pedro Sanchez s’en est tenu à la légalité internationale. Il a plaidé pour « une solution mutuellement acceptable » et pour la recherche d’une solution au conflit du Sahara « dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité ». Une déclaration qui lui a valu les critiques du Maroc. Même si Sanchez n’est pas allé jusqu’à évoquer « le référendum d’autodétermination », comme cela est mentionné par les résolutions des Nations-Unies, sa déclaration a visiblement fini par convaincre les autorités algériennes. Selon le journal espagnol en ligne El Confidencial, un ambassadeur sera envoyé prochainement. Une source diplomatique algérienne a indiqué à cet égard que « ce n’est pas une idée nouvelle (celle du retour à la normale, NDLR) mais il fallait trouver le bon moment pour le faire ». « Il y a eu des contacts entre les deux parties en septembre à New York en marge de l’assemblée générale des Nations unies. Il y a eu une entente sur un retour progressif des relations entre l’Algérie et l’Espagne », a également indiqué Djamel Eddine Bouabdallah, président du Cercle du Commerce et de l’Industrie Algéro-Espagnol (CCIAE).Il semblerait que le retour à la normale va se faire de manière progressive. Cela va prendre un peu plus de temps, mais cela est inévitable au vu de l’Histoire des relations entre Alger et Madrid.
Akli Ouali
Partager :