Selon l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), un sommet d’« urgence » pour « discuter » de l’agression israélienne contre le peuple palestinien à Ghaza, se tiendra à Ryad, le 12 novembre, à l’invitation de l’Arabie saoudite. Le 18 octobre, onze jours après le début des bombardements, la même organisation avait tenu un sommet semblable à Djeddah, réunissant les ministres des Affaires étrangères arabes. La réunion avait été sanctionnée par une déclaration de condamnation appelant à un « cessez-le-feu immédiat » et vis-à-vis de laquelle l’Algérie avait émis des réserves, rejetant le fait qu’on mette sur un même niveau de responsabilité l’agresseur et les victimes de ces actes génocidaires. L’appel de l’OCI n’a pas été entendu et son impact n’a jamais dépassé la salle de réunion. Les membres de cette organisation, qui se trouve depuis sa création sous la mainmise saoudienne, s’étaient séparés en essayant de se convaincre qu’ils avaient accompli leur « devoir ». Pendant ce temps-là, des centaines et des centaines de Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, continuaient de tomber sous les bombes d’une armée sioniste, soutenue militairement et financièrement par les États-Unis et leurs satellites en Occident et même dans le monde arabe. Les bombardements n’ont jamais cessé, au contraire, ils ont été intensifiés et élargis à toute la bande, n’épargnant ni hôpitaux, ni écoles, ni lieux de culte. Tout cela au milieu d’un état de siège, qui prive environ deux millions de personnes des nécessités vitales à leur existence : nourriture, eau, médicaments, électricité, carburant, gaz domestique et même les communications et Internet. Mais à quoi bon un second sommet, si le premier n’a absolument rien donné ? L’Arabie Saoudite et les pays qui tournent dans sa sphère, notamment les normalisateurs, ont de tout temps manifesté une hostilité extrême à l’encontre des brigades d’Al Kassam et de son aile politique, le Hamas. Au niveau des cercles décideurs de ces pays, la guerre totale que mène Israël constitue une « aubaine » pour en finir avec cette tendance, dont les liens ne s’accommodent pas avec les objectifs de dynasties ayant fait de la disparition de Hamas une urgence. En aparté et dans les salons privés, tout le monde a cautionné la folie meurtrière israélienne. Pour eux, la mort de 10.000 ou 20.000 palestiniens est la rançon à payer pour la fin de Hamas ! L’agression israélienne ne s’arrêtera donc pas tant que l’effort de guerre est soutenu ouvertement pas les puissances occidentales et clandestinement par certaines monarchies arabes. Rien que durant la nuit de dimanche à hier lundi, des dizaines de corps sont arrivés à la morgue de l’hôpital de Deir El Balah. Le ministère de la Santé à Ghaza a annoncé au moins 200 morts, uniquement dans le nord de la bande, sans compter les dizaines de corps de femmes et d’enfants, encore ensevelis sous les décombres. Pour la troisième fois depuis le 7 octobre, les quelques deux millions de Ghazaouis ont passé une nuit coupés du monde. Les massacres sont quotidiens et aucun pays parmi les puissants du monde, encore moins les dynasties du Golfe ou le Maroc, ne semblent déterminés à les arrêter. C’est une réalité que les peuples de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Sud constatent aujourd’hui. C’est à se demander si on est n’est pas en train d’assister à une « troisième guerre mondiale », limitée géographiquement, mais dont les effets toucheront à moyen et long terme de nombreux pays. Ses acteurs principaux, Israël, les États-Unis et l’Europe, ont décidé de sacrifier les Palestiniens pour un redéploiement impérialiste, face auquel la Russie et la Chine ont opté pour une sorte de « prudence » démesurée. Dans toutes les crises que le monde a traversées, il y’a toujours eu une force engagée contre la guerre, sauf cette fois à Ghaza, où ce sont les intentions qui prédominent. On prépare des sommets, on convoque des réunions, on multiplie les contacts, sans que la situation au sol, à Ghaza et en Cisjordanie n’évolue. La même tragédie se poursuit et on risque d’assister à un des plus grands déplacements de population de toute l’histoire. Mais la question palestinienne sera-t-elle pour autant dépassée ? Israéliens et Américains, avec leur puissance économique, leur haute technologie et leurs armes de destruction massive, parviendront-ils à dévier le cours de l’histoire et à empêcher que la Palestine ne prenne la dimension d’un enjeu planétaire ? Qui répondra à cette équation à plusieurs inconnus ? Les Palestiniens et tous les peuples qui les soutiennent bien évidemment.
Mohamed Mebarki
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