Y’aurait-il un lien entre la guerre en Ukraine et les massacres massifs, perpétrés depuis un mois par l’armée israélienne à Ghaza ? Au-delà des positions littéralement opposées exprimées par l’Occident en général, en direction de la Russie d’un côté et d’Israël de l’autre, pourrait-il y avoir un fil conducteur, qui mène de Kharkiv à Jabaliya, tout en ouvrant une nouvelle perspective pour comprendre les deux « scènes », où les États-Unis sont présentes de manière très active ? Au moment où le conflit en Ukraine voit sa portée médiatique rétrécie, c’est l’agression barbare israélienne contre le peuple palestinien à Ghaza, mais aussi à Al Qods et en Cisjordanie, qui prend la dimension d’une guerre d’anéantissement de tout un peuple, devant l’inaction presque généralisée d’un monde tétanisé. En Ukraine, les armes ne se sont pas tues, dans un pays que les Occidentaux protègent par tous les moyens. À Ghaza, la guerre totale, avec utilisation de tous les outils d’extermination, menée contre une population civile abandonnée de tous, offre au monde un désastre absolu. Entre l’Ukraine et Ghaza, il y’a une histoire de mercenaires. Des centaines de ces tueurs à gages de différentes nationalités, embrigadés, envoyés des pays occidentaux pour se battre aux côtés des Ukrainiens, se trouvent aujourd’hui en Israël. Recrutés par Israël par le biais de sociétés de sécurité privées établies dans de nombreux pays, ces mercenaires ont pour mission de sécuriser les convois d’armes ou les déplacements des troupes dans la bande de Ghaza et d’assurer la sécurité des points de passage et des frontières de Ghaza et de Jordanie, comme le révèle le cas de cet Espagnol, rapporté par le quotidien madrilène, El Mundo. Pour 3.900 euros par semaine, ils sont déjà en position, pour servir de boucliers aux troupes israéliennes, qui ne cessent d’enregistrer des pertes dans leurs rangs depuis les premières tentatives d’incursion terrestre. À l’instar du mercenaire espagnol, tous déclarent qu’ils ne combattent pas directement les résistants palestiniens. Mais jusqu’à quand cela va-t-il durer ? L’évolution des combats pourrait à tout moment opposer ces mercenaires français, allemands, albanais, américains, polonais et autres aux résistants palestiniens. Ce sera une sorte de coalition internationale qui ne dit pas son nom face aux Palestiniens ! Dans son témoignage à El Mundo, le mercenaire espagnol déclare qu’il est venu pour l’argent et c’est probablement le cas pour tous ses compères. Mais le fait marquant dans ses propos, c’est quand il fait savoir qu’il est là pour éviter aux soldats israéliens de tomber entre les mains des Palestiniens. Il s’agit d’une donnée de terrain, qui met au grand jour la psychose régnant parmi les Israéliens. Une psychose que l’armement sophistiqué n’a pas été en mesure d’éliminer. Une crainte que les Palestiniens comptent exploiter comme une arme de guerre, dans leur lutte contre l’expansionnisme sioniste. Pedro Díaz Flores, c’est son nom, « n’en est pas à son premier conflit », selon la même source. Il a fait l’Ukraine et auparavant l’Irak. En France, la question des mercenaires a commencé à faire du bruit, dans un contexte mondial où le mercenariat est devenu de plus en plus encadré par des « boîtes » privées, entretenant des rapports très serrés avec les États, via les services de renseignements. Des pratiques anticonstitutionnelles, paradoxalement tolérées par les démocraties occidentales. Le phénomène du mercenariat n’est désormais plus une activité dominée par des groupes extrémistes, dont le seul intérêt s’articule autour de deux éléments : l’argent et les armes, c’est devenu un domaine contrôlé par des États. Et Israël a une grande expérience, depuis sa création en 1948. Bien avant cette date d’ailleurs, les groupuscules sionistes avaient eu recours à des mercenaires, avec la complicité de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui à Ghaza, où on assiste à l’expression la plus flagrante du mépris de la vie humaine, faisant dire au secrétaire général des Nations-Unies que « le cauchemar dans la bande n’est plus une crise humanitaire, mais une crise de l’humanité, le monde est témoin de scènes apocalyptiques menaçant de s’étendre ». Sur le terrain, la rupture de l’électricité et du carburant risque d’entraîner la mort de milliers de personnes, notamment des nouveau-nés dans des couveuses, des blessés dans des unités de soins intensifs et des patients sous dialyse rénale. Un véritable cataclysme humanitaire, dont les prémices vont bouleverser les relations internationales.
Mohamed Mebarki
Partager :