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Gouvernement : Tebboune limoge Benabderrahmane

Il aura tenu deux ans et cinq mois à la tête du Gouvernement, du 21 juin 2021 à hier samedi 11 novembre 2023. L’ancien Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a été limogé par le président de la République, selon un communiqué de la présidence de la République diffusé via la télévision publique. C’est désormais Mohamed Nadir Larbaoui qui sera au palais du Gouvernement, pour diriger l’exécutif, lequel devrait rester en place, du moins transitoirement, puisque le communiqué de la présidence n’évoque pas les « consultations » d’usage pour la formation d’un nouvel exécutif. Jusque-là directeur de cabinet du président de la République, depuis le 16 mars passé, en remplacement d’Abdelaziz Khellaf, qui a récemment pris sa retraite, Mohamed Nadir Larbaoui se voit propulsé au poste de numéro deux de l’exécutif et remplacé par Boualem Boualem  au poste de conseiller aux affaires juridiques du Président. Ancien ambassadeur d’Algérie en Égypte, représentant permanent de l’Algérie auprès de la Ligue arabe, conseiller de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, de 2019 à 2021, Larbaoui occupe également le poste de représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies depuis septembre 2021. Il est passé de l’ombre à la lumière en novembre 2022, à l’occasion du sommet de la Ligue arabe à Alger, où il était dans la proximité immédiate du président Tebboune, au point de reléguer au second plan le ministre des Affaires étrangères de l’époque. Des méandres capitonnés de la diplomatie, où il aura fait l’essentiel de son parcours, Mohamed Nadir Larbaoui devra faire le dur apprentissage de la gouvernance, dans une conjoncture économique et sociale qui est loin d’être un chemin pavé de roses. Alors que sa feuille de route est de donner du « peps » à l’action d’un exécutif en panne d’imagination et de souffle depuis plusieurs mois. C’est très probablement, cette panne en rase campagne de son équipe, qui a coûté à Aïmene Benbderrahmane son limogeage, s’accordent les analystes, le président de la République, ayant sans doute constaté que l’ex-ministre des Finances a atteint les limites de ses compétences. Il était clair qu’après sa déclaration de Politique générale de septembre dernier, devant des députés qui avaient pointé ses approximations et ses contradictions enrobées dans des envolées patriotiques, Benabderrhame a fini par épuiser la patience du président, qui n’attendait dès lors plus que l’occasion opportune pour le remercier. Ce qu’il a donc fait hier. Il y avait comme une sorte de hiatus, entre la vision globale portée par le président, avec ses orientations, ses priorités, fléchées vers un souci d’apaisement social permanent et les difficultés du Gouvernement à les traduire sur le terrain. Signe de cet état de fait, les tensions sur le marché, avec des pénuries à n’en plus finir sur les produits de première nécessité, malgré un changement total de paradigme dans la politique des importations, remises au goût du jour après un sévère tour de vis qui s’est avéré être catastrophique. Mais au-delà des soubresauts du marché avec ses pénuries et de la poursuite de la spirale inflationniste, qui continue de pourrir le quotidien des citoyens, c’est les difficultés, pour ne pas dire l’incapacité de l’ex-Premier ministre de trouver la martingale, le modus operandi, qui a fait défaut. Les réformes économiques structurelles, sont restées lettres mortes, alors qu’elles constituent un des engagements majeurs d’Abdelmadjid Tebboune. Malgré son profil de technocrate, connaisseur des rouages du monde des finances, Aimene Benabderahame n’aura fait ni mieux ni pire que ceux qui l’ont précédé à la Primature. Redoutable défi pour Larbaoui donc, qui est attendu pour réveiller le gouvernement de son immobilisme, pour mieux dégager l’horizon sur la présidentielle 2024.

H. Khellifi 

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