Cinq semaines après le début du génocide, dirigeants des pays arabes et islamiques se retrouvent à Riyad, en Arabie saoudite, pour un sommet jumelé consacré à Ghaza. Réunis par le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salmane, des dizaines de dirigeants, dont le président iranien, le président turc, le président syrien et l’émir du Qatar se sont réunis pour appeler à l’arrêt des massacres à Ghaza, mais dans des termes indécis, traduisant les profondes divergences de ces pays vis-à-vis de la question palestinienne. Au départ, la Ligue arabe et l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) devaient, selon des sources médiatiques proches des deux structures, tenir leurs réunions séparément, mais le ministère saoudien des Affaires étrangères a annoncé hier samedi, tôt le matin, que les deux sommets seraient tenus en commun. Des diplomates arabes ont confié à des agences de presses occidentales que « cette décision avait été prise après des désaccords sur une déclaration finale du sommet arabe ». À quoi faudrait-il s’attendre d’un tel sommet ? L’opinion dominante aujourd’hui parmi les peuples arabes et musulmans est qu’il ne faut rien attendre de ces réunions, qui n’ont jamais abouti à des résultats concrets et décisifs. « Nous ne plaçons pas nos espoirs dans de telles réunions, qui n’ont jamais donné de résultats », a déclaré avant-hier vendredi un dirigeant du Jihad islamique, lors d’une conférence de presse à Beyrouth. « Le fait que cette conférence se tienne après 35 jours (de guerre) est une indication claire », a-t-il souligné, dans une déclaration reprise par le quotidien libanais, L’Orient-le jour, dans son édition d’hier. Des pays comme l’Algérie et le Liban ont déjà proposé de rompre les liens économiques et diplomatiques avec Israël et de cesser d’approvisionner en pétrole ce pays et ses alliés. Mais dans le contexte actuel, marqué par une « ruée » sans précédent de nombreux pays arabes vers la normalisation, la proposition aurait été rejetée par le Maroc, Bahreïn et les Émirats arabes. Tout indique que les chefs d’État et de gouvernement vont palabrer et se séparer sans prendre la moindre décision qui aurait une quelconque importance. La monarchie saoudienne, qui entretient des liens étroits avec les États-Unis et qui envisageait avant la guerre de normaliser ses relations avec Israël, entretient une position ambigüe. Tout en dénonçant publiquement les « violations continues du droit humanitaire international par les forces d’occupation israélienne », MBS, dont c’est la première déclaration depuis le début de l’agression israélienne contre Ghaza, s’est limité à un discours d’ordre général, à l’ouverture des travaux. « Nous sommes certains que le seul moyen de garantir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation », a-t-il déclaré. Au moment où les dirigeants des pays arabes et islamiques parlaient, le responsable du complexe médical Al Shifa, dans la ville de Ghaza, annonçait que « 600 patients et des dizaines d’enfants risquent la mort, sur fond de l’interruption continue de l’électricité et de l’eau à l’hôpital ». « L’électricité et l’eau ont été coupées à l’hôpital. Nous avons 600 patients. La situation est tragique et des dizaines d’enfants risquent de mourir », a-t-il alerté. Ses propos ont été rapportés par la chaîne Palestine TV, sur son compte « Telegram ». Selon lui, ce qui se passe à l’hôpital est « effrayant et intolérable », estimant que la situation est « une honte pour toutes les institutions médicales et sanitaires internationales ». Au 36e jour, plus de 11.000 Palestiniens, dont 4.500 enfants et 3.000 femmes, ont péri sous les décombres. Selon des sources officielles, le nombre de blessés a dépassé les 29.000, tandis que le nombre des martyrs en Cisjordanie a grimpé à 183, outre 2.500 blessés.
Mohamed Mebarki
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