Laaziz Faid, ministre des Finances était hier lundi devant la commission des affaires économiques et financières du Conseil de la nation, où il présentait devant les membres de cette institution un projet de loi modifiant et complétant la loi organique relative à la juridiction financière. Dans une déclaration à la presse à l’issue de son exposé, Faid a annoncé l’ouverture du capital du Crédit Populaire d’Algérie (CPA) avant la fin de l’année et celui de la Banque de Développement Local (BDL) vers la mi-2024. Le CPA a presque l’âge de l’indépendance de l’Algérie, cette banque publique a été fondée en 1966, alors que la BDL, autre banque publique, a été créée en 1985 dans le sillage de la politique de libéralisme économique, décidée sous la présidence de Chadli Bendjedid. Il sera donc procédé à la privatisation partielle des deux institutions bancaires, conformément aux décisions prises par le président de la République. Abdelmadjid Tebboune avait annoncé, jeudi dernier, lors d’une rencontre avec les opérateurs économiques, le lancement de l’opération d’ouverture du capital des deux banques, à hauteur de 30 %, aux investisseurs du secteur privé. Il est à rappeler que le chef de l’État avait instruit le gouvernement, dès août 2021, d’ouvrir le capital des sociétés publiques, y compris les banques, au privé. À plusieurs occasions, il avait souhaité rompre avec l’ancien mode de gouvernance des banques publiques. Il est à signaler que le CPA et la BDL avaient été proposés à la privatisation en 1997. À l’époque, c’était Ahmed Benbitour puis Abdelkrim Harchaoui qui se sont succédé au poste de ministre des Finances, sans s’y atteler. En 2004, Abdellatif Benachenhou, ministre des Finances de l’époque, avait également évoqué le sujet. Que ce soit en 1997 ou en 2004, c’était Ahmed Ouyahia qui était chef du gouvernement. L’idée de l’ouverture du capital des banques publiques ne date donc pas d’hier. Elle avait accompagné l’ouverture politique, qui avait précédé l’accès de l’Algérie à un libéralisme économique plus ou moins contrôlé, durant la période post-octobre 1988. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont évoqué la nécessité d’ouvrir le capital des banques publiques au privé, mais aucun n’a osé franchir le pas. Les velléités visant à permettre au privé de posséder des actions dans les banques étatiques sont demeurées timides. Ce n’est que trois décennies plus tard que l’idée est réapparue avec beaucoup d’insistance, dans le but ouvertement exprimé d’attirer davantage d’investisseurs algériens et étrangers. Mais la rigidité des lois régissant le change et le mouvement de capitaux, pour doper les investissements directs étrangers, a toujours constitué un facteur de blocage. En décembre 2020, la question est soulevée par Aimene Benabderrahmane, qui avait annoncé alors pour la première fois l’ouverture du capital de deux grandes banques publiques au cours de l’année 2021. En décembre 2021, lors de la conférence nationale sur la relance industrielle, l’ouverture du capital des banques publiques a été reprise avec beaucoup d’insistance par Abdelmadjid Tebboune. « Si cette opération se déroule à travers la Bourse, ce sera un excellent coup de starter pour le marché boursier et cela ouvre la voie aux autres établissements financiers publics et privés pour venir se coter à la Bourse d’Alger », a estimé le directeur général de la Bourse d’Alger, lors d’une interview accordée à la chaîne III de la radio nationale, en avril dernier. « En plus de redynamiser la place boursière, cette mesure va permettre d’atteindre les objectifs d’inclusion financière fixés et de capter les liquidités qui circulent en dehors du marché pour qu’elles participent de manière effective au financement de l’économie », avait souligné le même responsable. La question est de savoir si aujourd’hui, les pouvoirs publics sont en mesure de faire oublier aux gros porteurs de capitaux le syndrome El Khalifa Bank.
Mohamed Mebarki
Partager :