Des dizaines de pères de famille ayant bénéficié de lots de terrain constructibles en 2010 sous la formule de la promotion du logement rural dans la commune de Djemorah, située à quarante kilomètres au nord-est de Biskra, se sont rassemblés en début de semaine, pour une énième fois, afin de dénoncer l’exclusion de leur ilot urbain des projets de VRD (Voirie et Réseaux Divers) inscrits au Plan Communal de Développement (PCD) et au Fond Commun des Collectivités Locales (FCCL) pour l’année 2024, a-t-on appris.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, ils mettent en avant l’ampleur de leur dépit en fustigeant les responsables et élus municipaux et les membres de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) qu’ils accusent de « sciemment détourner le regard d’une triste situation dont les victimes sont quelques 200 familles en attente d’un toit décent depuis treize ans, ce qui est une honte et un scandale eu égard aux directives du président de la République de toujours privilégier les projets répondant au besoin de confort et de bien-être des citoyens », a clamé l’un des intervenants. Pour rappel, ils sont 210 bénéficiaires de lots de terrain destinés aux zones rurales, attribués en 2010 sur une assiette foncière située sur les pentes d’une montagne rocailleuse, escarpée et ravinée nécessitant de gros travaux de terrassement pour être constructible. Avec le million de dinars octroyé par l’État que certains d’entre eux ont perçu, ils ont construit un nouvel ilot urbain dont les maisons ont des taux de réalisation variant de 80 à 100 %. Malheureusement, ce quartier est inhabitable car il n’y a pas de réseau d’évacuation des eaux usées, pas d’alimentation en eau potable, pas d’électricité, pas de gaz et pas de routes carrossables, constate-t-on. « Nous avons été abasourdis d’apprendre que notre cité n’existait pas officiellement dans les plans urbanistique et d’aménagement du territoire de notre commune. C’est donc une cité-fantôme érigée par des travailleurs bien vivants. Il semble que nous ayons été grugés et que nous ne soyons pas au bout de nos peines », a insisté un sexagénaire. « Nous avons été gavés de promesses sans lendemain et d’atermoiements des responsables qui nous ont promis que l’étude des aménagements nécessaires à notre cité était finalisée mais ce ne sont que des manœuvres dilatatoires et mensongères. Un autre hiver pointe son nez et rien n’est prévu pour nous. Au lieu de s’occuper de nous, l’APC (Assemblée Populaire Communale, ndlr) de Djemorah préfère consacrer des milliards pour réaliser une route d’évitement du chef-lieu de la daïra qui n’est absolument pas une priorité », a ajouté un autre de ces protestataires. Ceux-ci réclament à l’unisson l’ouverture d’une enquête administrative pour déterminer les causes et les responsables de ce fiasco urbanistique ainsi qu’une intervention du wali pour les rétablir dans leurs « droits bafoués » de simples pères de famille ayant « seulement à cœur d’offrir un toit décent à leurs enfants », ont-ils scandé.
Hafedh Moussaoui
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