La commission mixte d’historiens algériens et français, chargée de travailler sur la colonisation française de l’Algérie (1830-1962), a achevé sa première réunion, tenue mercredi dernier à Constantine, avec la conclusion d’un mémorandum de onze points. Devant être soumis à l’approbation des deux présidents, le document paraphé par les chefs des délégations, Mohamed Lahcen Zighidi pour l’Algérie et Benjamin Stora pour la France, définit également la feuille de route qui guidera la commission durant toute sa mission, qui s’annonce longue, selon une source proche du dossier. Parmi les recommandations de cette commission, il y a notamment la décision d’intensifier le travail académique, avec des échanges d’universitaires. Selon la même source, une quinzaine d’historiens algériens et autant de leurs homologues français se rencontreront prochainement dans les deux pays respectifs dans cette optique. Concernant les archives, les membres de la commission ont enregistré une avancée significative, en s’accordant sur la numérisation et l’ouverture d’un portail permettant l’accès aux archives des premières décennies de la colonisation. Dans ce sens, il a été convenu de la restitution de deux millions de documents « numérisés » à l’Algérie, ainsi que des « rouleaux » de documents de la période ottomane, deux crânes de résistants algériens et des objets ayant appartenu à l’Emir Abdelkader. À l’issue de leurs échanges, les historiens des deux pays ont également décidé de poursuivre « l’établissement d’une chronologie des faits militaires, politiques, économiques, sociaux et culturels, survenus entre 1830 et 1962, ainsi que de fonder une bibliothèque commune de recherches et de sources imprimées ou manuscrites sur le XIXe siècle ». Une chronologie qui servira de base à l’édition, numérisation et traduction vers les deux langues des sources et travaux les plus importants et à leur éventuelle restitution à l’Algérie. Toujours dans le cadre de la numérisation, les historiens se sont également mis d’accord pour créer un portail numérique consacré aux sources imprimées, aux archives numérisées, aux thèmes et aux travaux de recherche, à la cartographie et aux ressources iconographiques, sonores et filmiques et à la chronologie. Pour rappel, la commission a tenu sa première réunion en avril dernier, par visioconférence. La mise en place de cette instance a été décidée en août 2022 par le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron. Une inititiative commune qui vise « à regarder ensemble cette période historique, du début de la colonisation française (1830) jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance (1962) », avec pour but « d’aborder le sujet sans tabou et avec une volonté […] d’accès complet à nos archives ». Après l’annonce, les deux parties ont désigné, en janvier dernier, les membres de la commission, composée du côté algérien des historiens Mohamed Lahcen Zighidi, Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui. Du côté français, le choix a été porté sur les historiens Benjamin Stora, coprésident de la commission avec Mohamed Lahcen Zighidi, Florence Hudowitz, Jacques Frémeaux, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur.
Samir Rabah
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