Des opérateurs économiques, ainsi que des notables et élus de la wilaya d’Annaba, ont décidé de briser le silence, en dénonçant des atteintes au domaine forestier, la dilapidation et la destruction des biens publics, auxquelles est confronté le jardin citadin méditerranéen implanté au site balnéaire de Ras El Hamra. Selon des correspondances adressées au wali d’Annaba et aux plus hautes instances du pays, la direction régionale de l’Agence Nationale de Développement du Tourisme (ANDT) aurait octroyé de gré à gré des parcelles de terrain à l’intérieur du jardin citadin à une dizaine d’investisseurs. Cela se serait produit malgré le gel par les pouvoirs publics de toute nouvelle attribution de lot de terrains, en attendant la promulgation de la loi sur l’investissement. Plus grave encore, des dépassements prémédités et impunis auraient été dénoncés, notamment « la dégradation de biens publics pour lesquels l’État a dépensé des milliards, comme une piscine dotée de géotextile de dernière génération importée à prix fort (plus de cinq milliards de centimes) ». Le comble, cette structure aurait été rasée pour y installer un parc aquatique dans un domaine forestier où la construction en dur est formellement interdite. En effet, la loi n°80-12 du 23 juin 1984 portant régime général des forêts, interdit toute construction dans le domaine forestier, et elle aurait été bel et bien violée par certains bénéficiaires des quatorze concessions accordées dans l’opacité la plus totale. Pire encore, le béton armé serait en train de prendre place au détriment de la nature. « L’ANDT a failli à sa mission. Censée préserver le site forestier de 65 hectares pour qu’il serve de poumon pour la ville de Annaba, l’ANDT a plutôt participé, contre vents et marées, à la clochardisation totale du site par des activités et des équipements bas de gamme qui ne répondent à aucune norme de sécurité, au vu et au su des autorités locales », selon la même source. Nous apprenons que la direction de l’Environnement, gestionnaire des lieux, au même titre que des élus, s’est opposée farouchement à ce dépassement et à ce crime commis contre la nature, en exigeant de l’ANDT la remise des lieux à leur état naturel, en vain. Inauguré en grande pompe en 2018 par l’ex-ministre de l’Environnement, Fatma Zohra Zerouati, cet espace côtier exceptionnel, l’un des plus importants du pays, a été choisi en 2014 par une commission sectorielle de la wilaya, rappelle-t-on. Baptisé en 2020 au nom du martyr Aziz Daâmach, ce jardin, qui a nécessité une enveloppe de plus de 56 milliards, semble aujourd’hui demander l’intervention des pouvoirs publics et surtout une protection pour contrer les desseins des lobbies qui tentent d’imposer leur mainmise sur les lieux. Très actif depuis sa nomination à la tête de la Coquette et dont les efforts consentis sur tous les fronts sont de plus en plus appréciés par la population, le wali d’Annaba, Abdelkader Djellaoui, est appelé à faire toute la lumière sur cette affaire qui a secoué l’opinion publique.
B. Salah-Eddine
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