Les prémices d’une troisième Intifada palestinienne sont plus que visibles. En Cisjordanie, toutes les conditions d’un soulèvement populaire contre l’occupation israélienne sont réunies. Depuis le début du déluge d’Al Aqsa, le rythme des incursions de l’armée israélienne jusqu’au cœur des villes palestiniennes a augmenté. Les raids nocturnes menés par les soldats et les policiers se sont multipliés, et les morts parmi la population palestinienne se sont accumulées. Depuis le 7 octobre, au moins 200 Palestiniens ont été tués par balles. À Tulkarem, à Hébron, à Jénine et à Jérusalem-Est, plus de 1.400 Palestiniens ont été arrêtés dans des opérations coup de poing où l’usage des armes à feu est plus que toléré. Rien que durant les dernières 24 heures, huit citoyens de Jénine ont été tués. Selon le Croissant-Rouge palestinien, l’armée israélienne opérait dans toute la Cisjordanie, « bloquant et empêchant les équipes des services médicaux d’urgence d’atteindre les blessés et fouillant continuellement les ambulances ». « Même l’hôpital public de Jénine et la clinique Ibn Sina ont été assiégés ». L’agence officielle de presse palestinienne, WAFA, a rapporté que « des tireurs d’élite israéliens s’étaient positionnés sur des toits et que des bulldozers militaires endommageaient des routes et des infrastructures ». Israël, qui a renforcé les contrôles entre les différentes villes palestiniennes de la Cisjordanie, immédiatement après l’assaut des Brigades Al Qassam, est passé à un niveau de répression jamais atteint depuis plus de vingt ans. Cette situation pourrait mener à une troisième Intifada, qui apportera son lot de sacrifices, mais changera globalement les données en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza selon de nombreux observateurs, d’autant plus que le chef de l’armée israélienne vient d’annoncer hier qu’après « le retour des otages sains et saufs en Israël, Israël reprendra les combats ». Il est à rappeler que la première Intifada a duré environ cinq ans, de fin 1987 à 1993, et a pris fin avec les fameux accords d’Oslo. Elle a été coordonnée par le Fatah, le Front démocratique, le Front populaire, le Hamas et le Jihad islamique. La deuxième Intifada a eu lieu quant à elle en 2000 et a duré jusqu’en 2005. La troisième, si elle a lieu, sera certainement décisive sur plusieurs plans. La souffrance subie tout au long de nombreuses années par les prisonniers palestiniens, libérés suite à l’accord de trêve, ne fera qu’exacerber les tensions. « J’ai honte de parler de réjouissance alors que toute la Palestine est blessée », a affirmé, aux côtés de son fils Moatassem, 13 ans, Maysoon Musa Al Jabali, la plus ancienne prisonnière palestinienne, libérée hier dimanche à l’aube. Elle a révélé que les prisonnières palestiniennes avaient vécu des jours difficiles depuis le 7 octobre dernier, subissant des violences, des aspersions de gaz et des mises en isolement de la part des autorités d’occupation. Maysoon, qui était en première année de littérature anglaise à l’Université Al Quds avant son arrestation, a exprimé son ambition de poursuivre ses études universitaires. « J’ai obtenu un baccalauréat en service social en prison et mon ambition est de terminer ma vie éducative. Il y a de grands espoirs », a-t-elle déclaré.
Mohamed Mebarki
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