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 Laagab devant les sénateurs : « Le secteur de la presse,  un chantier ouvert »

Le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, a répondu avant-hier dimanche, lors du Conseil de la Nation, aux préoccupations soulevées par les sénateurs à l’occasion de l’examen des deux projets de lois sur l’audiovisuel et la presse écrite et électronique. Il revient ainsi sur les principales problématiques qui taraudent les médias nationaux, avant d’affirmer que le « secteur de la presse est un chantier ouvert ». D’emblée, le ministre soutient « que les décisions émanant de l’autorité de régulation de l’audiovisuel sont contraignantes ». « Mais, et c’est naturel, il y a une voie de recours et même une possibilité de saisir la justice pour réparer l’injustice si elle existe », rappelle-t-il. Laagab a nié, dans la foulée, l’existence de censure des médias en Algérie. « La censure préalable n’existe pas. Elle est le propre des régimes dictatoriaux. C’est un comportement anti-démocratique. En Algérie, cela n’existe pas. Mais il y a un contrôle en aval qui intervient après la publication ou la diffusion du produit journalistique », indique-t-il. C’est pourquoi, selon lui, le projet de loi « insiste sur la confirmation de l’information, en citant la source, c’est ce qui différencie le journaliste professionnel de ce que l’on appelle le journaliste-citoyen. Dans certains pays, la pratique oblige les journalistes à citer trois sources dans l’article. Nous avions pensé à intégrer cela dans ce projet. Mais de peur d’être interprétées comme une forme de restriction, nous avons préféré insister seulement sur la confirmation de l’information », explique-t-il. Abordant la question de l’accès des médias à la publicité institutionnelle, le ministre souligne que la « situation est très compliquée ». « Toutes les entreprises de presse et non seulement les journaux électroniques souffrent de manques de ressources publicitaires. Il est possible que la gestion de l’ANEP soit problématique. Je n’ai pas encore consulté ce dossier. Mais le plus grand problème de la publicité est que nous n’avons pas suffisamment d’entreprises économiques qui financent le marché des annonces publicitaires. Je l’ai toujours dit : Il nous faut entre 5 et 10 millions d’entreprises (PME, NDLR) pour relancer la presse. Sans la présence d’au moins, 5 millions de PME, il ne faut pas s’attendre à des miracles. L’État ne pourra pas satisfaire tout le monde, sachant que nous avons 156 journaux quotidiens, 200 sites d’information, 20 chaînes de télévision privées et 9 chaînes publiques et 61 chaînes de radio », détaille-t-il. Et d’ajouter : « Donc, il est difficile d’alimenter tout le monde en publicité institutionnelle. Il faut savoir que le droit de créer un média ne signifie pas le droit d’avoir accès à la publicité institutionnelle ». Cependant, le ministre se dit « d’accord » sur le fait qu’il est nécessaire d’étudier la question de la publicité et de fixer ses règles. « Ça sera le prochain atelier. C’est tout le secteur qui est un chantier ouvert, y compris la télévision publique (EPTV) qui a un seul directeur, alors que le groupe dispose de 9 chaînes. Comment pourra-t-il les contrôler ? Il est nécessaire de revoir sa structuration », indique-t-il. Et l’orateur de rappeler que « la presse algérienne bénéficie d’un soutien de l’État, y compris avec des aides indirectes ». « Je cite, dans ce sens, l’impression. Le prix du papier a flambé sur le marché international, alors que les journaux algériens sont imprimés à 6 DA. Le prix minimum de l’impression ne devrait pas être en dessous de 24 DA. Et cela sans compter les frais liés aux salaires des travailleurs des imprimeries. Mais avec un tarif d’impression de 24 DA, les journaux nationaux se vendront à 50 DA. Dans ce cas, ils n’auront plus de lectorat. C’est pourquoi on a préféré garder le tarif à 6 DA, même si cette logique n’est pas économique », poursuit-il. Par ailleurs, il estime que « cette situation ne va pas durer, car les entreprises d’impression et celles du papier sont en faillite. Quand est-ce qu’on améliore la situation ? Le chantier est ouvert ». Toujours concernant les aides de l’État à la presse, Mohamed Laagab cite « le prix de location des sièges à la maison de la presse qui est symbolique, ainsi que les prix d’hébergement des sites électroniques ». « À cela, et sur insistance du président de la République, on a ajouté un article dans la loi qui permet à la presse électronique de prétendre à la publicité institutionnelle », explique-t-il. Enfin, le ministre a évoqué la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) appliquée aux journaux, en reconnaissant « qu’avec ce taux de 19 %, elle est élevée ». « L’idée de sa révision est posée », annonce-t-il.

Samir Rabah

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